1. Kukac Arrobe


    Datte: 18/03/2021, Catégories: nonéro, exercice, revebebe, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... l’homme qui la poursuivait.
    
    Elle stoppa net au bord d’un trottoir alors qu’un couple de l’autre côté de la rue profitait de la nuit pour s’enlacer. Les pas qui faisaient écho aux siens s’étaient tus également. La jeune femme se retourna lentement et à deux mètres d’elle, Kukac attendait.
    
    — Ça ne sert à rien de t’enfuir.
    — Je ne m’enfuis pas, je rentre chez moi. Alors bonne fin de soirée.
    — Tu ne vas pas me laisser en plan au milieu de la ville ? Je suis venu pour toi, à ta demande. Tu pourrais au moins respecter ça.
    — Vous n’avez bien aucun respect pour moi, vous, ni d’ailleurs pour les femmes en général, à mon avis. Vous n’êtes pas fréquentable.
    — Il te faut quoi ? Le cul dans la soie ? Tu as peur de te mesurer au petit peuple, aux voyous ? Mais qu’as-tu donc de plus que nous ? Tu sais écrire, tu as de belles jupes… encore que celle que tu portes s’apparenterait plus à celle d’une salope. Et puis après ? Tu donnes des rendez-vous, mais tu ne veux rien écouter de ce que l’on te dit. Tu es belle, c’est sûr, bonne sans doute au lit, si j’en juge par tes « nouvelles ». Mais en as-tu seulement jamais mise une en pratique ?
    — Vous avez l’esprit dérangé, vous !
    — Ben ! Faudrait savoir, tout à l’heure il était sous ma ceinture et maintenant il est en dérangement. J’aimerais savoir si ce que tu écris c’est du vécu, du réel, ou alors si c’est juste des fantasmes qui viennent te hanter la nuit. Auquel cas, on pourrait tous les deux en réaliser quelques-uns.
    — Bon ça va ...
    ... ! Je rentre chez moi et je ne veux plus rien entendre de ce que vous racontez. Laissez-moi tranquille.
    — Tu ne vas pas t’en tirer comme ça, ma vieille. Tu m’as fait traverser tout Budapest pour me larguer dans un quartier de snobs et tu voudrais que je te dise merci. Je suis là pour toi, je te trouve à mon goût. Je ne viole personne, mais fais tout de même un effort.
    
    Elle gesticulait sur le trottoir et le garçon pourtant n’avait pas fait un seul mouvement pour se rapprocher. Il restait à une distance suffisante qui aurait dû la rassurer. Puis elle parlait trop fort aussi et les amoureux sous le lampadaire en face avaient dessoudé leurs lèvres et chouffaient dans leur direction. Ils devaient flairer quelque chose d’anormal, une querelle entre jeunes gens, sans doute. Un taxi avançait lentement dans la rue. Aleyna tendit la main et la voiture s’arrêta à leur hauteur. La jeune femme s’engouffra sur le siège arrière.
    
    Mais Kukac aussi avait croisé le trottoir et tenait la portière. D’autorité il s’installa lui aussi sur la banquette. Devant le chauffeur attendait les ordres. Il se tournait vers ce qui pour lui était un couple comme les autres.
    
    — Alors où va-t-on ? Quelle adresse ?
    
    Le garçon regardait sa compagne. Puis il ouvrit la bouche, mais pas à l’attention du chauffeur.
    
    — Alors ? Chez toi ou chez moi ? Mais mon « loft » ne sera peut-être pas aussi confortable que ton chez-toi… ou ton appartement. Donne ton adresse à monsieur.
    
    La jeune fille, la tête basse ...
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