Histoire des libertines (53) : Colette, romancière et scandaleuse
Datte: 18/03/2021,
Catégories:
Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... chacun de ses gestes. Colette est une femme sans chaînes. La liberté coule dans ses veines de manière simple. Colette fut une mère détachée et une amante passionnée. Les hommes sont au centre de leurs existences. La si insoumise Colette a été follement amoureuse du si indépendant baron Henry de Jouvenel. Colette déteste être seule et rêve d'être dominée par un homme. Sa vie entière, elle chercha à être aimée et protégée par ses maris.
L’amour est effectivement le sentiment qu’elle n’a cessé de chanter dans presque tous ses livres et qui a toujours guidé ses relations sexuelles, hommes ou femmes. Déjà dans Les Vrilles de la Vigne en 1908, elle disait : « Quel plaisir je me donne en aimant ». En 1911, elle avait écrit à Missy « On ne se donne pas par pitié, on se donne par amour ».
Colette a aimé les femmes autant que les hommes. Autant. Et tous vont nourrir l’ensemble de son œuvre. On en a pour preuve les mots qu’elle utilise, pour décrire les corps, pour décrire les jouissances, pour décrire les folies charnelles, qu’offre chacun des deux sexes.
COLETTE ET MOI
Dans cette série sur l’histoire des libertines, Colette a évidemment une place particulière, qui m’amène à évoquer ce qu’elle représente pour moi.
La série des « Claudine » figurait dans la bibliothèque familiale, sans que mes parents n’aient jugé nécessaire de les ranger sous clé, dans « l’enfer » de cette même bibliothèque. Précaution qui aurait d’ailleurs été tout à fait inutile, puisque j’ai raconté ...
... dans quelles conditions j’ai accédé, adolescente, aux ouvrages qui étaient censés m’être interdits (voir « Lectures érotiques (6). Emmanuelle Arsan : Emmanuelle, la leçon d'homme », paru le 17 décembre 2017 et « Lectures érotiques (8). Le Déclic de Milo Manara (Albin Michel) », paru le 23 février 2018). C’est bien à la lecture de « Claudine en ménage » que j’ai pris conscience, pour la première fois, de mon attirance pour les femmes, même si c’est la lecture d’Emmanuelle qui fut sur ce sujet comme d’autres la véritable découverte.
J’ai d’ailleurs été initiée aux amours saphiques le jour même de mon dépucelage par la jolie Maria, épouse de mon premier amant Gianni. Cela avait pour moi coulé de source. Mes plaisirs solitaires de jeune adolescente étaient alimentés par le désir que j’avais pour celui qui m’était interdit. Mais ils étaient aussi provoqués par l’excitation que provoquait moi la gente féminine.
D’ailleurs, autant je n’avais et n’ai eu aucune attirance pour les garçons de ma classe, leur préférant des hommes plus expérimentés, autant j’avais très tôt recherché l’intimité et les caresses de mes camarades filles. Au grand dam des garçons, jaloux de mon succès auprès des filles. J’ai eu droit très tôt à être traitée de gouine, parce que j’avais été surprise en train d’embrasser une de mes condisciples, la jolie Mélina. Une fois déniaisée par Maria, j’ai fait profiter à mes amies de mon expérience. Les garçons de ma classe ne m’aimaient guère, d’une part parce que ...