Histoire des libertines (53) : Colette, romancière et scandaleuse
Datte: 18/03/2021,
Catégories:
Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... de sa femme.
Claudine met en scène sa relation avec Renaud et Rézi, l’héroïne : « l’inoubliable perfection du périlleux baiser (de Rézi) ne saura jamais qu’en mes yeux le désir….. la volupté se teignent toujours de nuances sombres. Je revois cet animal sursaut des reins, ce geste de buveuse qui l’a jetée vers ma bouche ……. La violence de mon attrait pour Rézi, tout me presse ….. de m’énivrer d’elle jusqu’à tarir son charme ……Renaud, Rézi, tous deux me sont nécessaires…. ».
Une relation à trois qu’elle décrivait déjà dans les « Lettres de la Vagabonde » (1911) : « Deux femmes enlacées sont l’image mélancolique et touchante de deux faiblesses peut-être réfugiées aux bras l’une de l’autre pour y pleurer, fuir l’homme souvent méchant et goûter, mieux que tout plaisir, l’amer bonheur de se sentir pareilles, infimes, oubliées. »
Colette est également l'auteure d'un ouvrage de réflexion sur l'Amour et la sexualité, « Le Pur et l'Impur », qui puise dans des exemples d'expériences hétérosexuelles comme homosexuelles.
En 1924 dans « La femme cachée » qui préfigure « Le pur et l’Impur », elle raconte la vie sexuelle libre d’Irène, une prostituée : « il était sûr qu’elle n’attendait ni ne cherchait personne et que les lèvres qu’elle tenait sous les siennes, abandonnant comme un raisin vide les lèvres qu’elle tenait sous les siennes, elle allait repartir l’instant d’après, errer ….., cueillir chez quelque autre passant le monstrueux plaisir d’être seule, libre ……. d’être ...
... l’inconnue à jamais solitaire. …... Elle parle encore le monstrueux plaisir. »
Pour toutes ces raisons, Colette a été étiquetée « Reine de la bisexualité » par Julia Kristeva (voir référence dans la bibliographie). Femme libre, Colette n’était cependant pas une féministe. Elle déclare ainsi en 1910 à Maurice Dekobra, dans Paris-Théâtre : « Les suffragettes me dégoûtent (...) Savez-vous ce qu'elles méritent, les suffragettes? Le fouet et le harem... »
LA SCANDALEUSE
Colette a tout traversé: deux guerres mondiales, l'anonymat du travail au noir (les «Claudine», avec Willy), la renommée montante, puis débordante, les liaisons multiples, un saphisme affiché, les exhibitions érotiques, le soufre, les fleurs, la nature, les jeux de rôle, le journalisme, une maternité distante, une attention spéciale pour les animaux, l'amour.
Cette aïeule d'un féminisme pas du tout féministe est tout sauf une intellectuelle. Sensualité d'abord et toujours. Elle est la première à montrer ses seins nus sur scène.
Colette fut libre, diverse. Willy l'exploite? Elle se vengera. «Missy» (Mathilde de Morny) s'imagine être son homme? Colette l'instrumentalise. Henry de Jouvenel la délaisse? Elle couche avec son jeune fils.
Colette est belle, elle a de l'esprit. Elle étonne, elle ravit, elle séduit. Colette a exploré toutes les sensualités, les sexualités, par amour plutôt que par jouissance.
La liberté chez Colette et ses amies est naturelle et non militante. Un parfum de liberté entoure ...