1. Histoire des libertines (34) : la Pompadour


    Datte: 16/03/2021, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... targuer d’être restée auprès du Roi sans avoir à partager son lit. Elle a su passer du statut de maitresse à celui de confidente.
    
    Pour les uns, elle était belle, raffinée, d’une intelligence supérieure, habile, témoignant d’une classe exceptionnelle. Pour ses nombreux détracteurs, elle était avide, perverse, assoiffée de pouvoir, responsable du désastre de la guerre de Sept Ans.
    
    La haine dont elle était l’objet finit par rejaillir sur Louis XV, devenu le « nouvel Hérode ». En 1751, quand le Dauphin et la Dauphine se rendirent dans la capitale, ils purent entendre les invectives contre la Pompadour : « Qu’on renvoie cette putain qui gouverne ce royaume et le fait périr ; si nous la tenions, il n’en resterait bientôt plus rien pour en faire des reliques »
    
    Une des grandes favorites royales, la Pompadour avait naturellement toute sa place dans cette rubrique. Elle n’a été la maîtresse du roi que 5 ans, mais elle l’a profondément influencé près de 20 ans.
    
    Epouse adultère d’un mari complaisant, séductrice et intrigante pour parvenir à s’imposer auprès du roi, Jeanne-Antoinette n’est manifestement pas une hypersexuelle et certainement pas une « salope ». A part le roi, on ne lui connait aucune autre liaison hors mariage, alors même que cela n’aurait pas manqué d’être soulevé dans les « Poissonnades ». Son peu d’ardeur à la chose, ses problèmes intimes ont rapidement fait d’elle une femme frigide.
    
    Bien entendu son rôle de « maquerelle » et de pourvoyeuse de chair ...
    ... fraiche pour apaiser l’insatiable Louis XV choque et a forgé sa légende noire.
    
    Sans prétendre la réhabiliter, j’apprécie chez elle son intelligence, sa culture, son soutien aux arts, aux philosophes et aux encyclopédistes. J’admire sa personnalité.
    
    Elle n’est évidemment pas exempte de critiques dans certains choix calamiteux de ministres et de généraux, sans oublier le fameux retournement des alliances, qui conduisit à la désastreuse guerre de Sept Ans (1756-1763). Il ne faut pas oublier cependant que la décision finale appartenait au roi, pas à sa favorite. La responsabilité n’est pas celle du conseilleur, mais du décideur.
    
    Au final, ce qui me rend sympathique la Pompadour, est qu’elle fut la cible des dévots, de ces gens de la Cour qui lui reprochaient ses origines. C’est quelque chose que je connais et que j’exècre.
    
    N’a-t-elle pas été trainée dans la boue parce que femme ? J’en veux pour preuve symbolique l’anecdote politique suivante. En 1991, quand François Mitterrand nomma Edith Cresson, première femme à occuper le poste de Premier Ministre en France, un député de l’opposition a osé dire « c’est la Pompadour qui rentre à Matignon ». C’était honteux et abject, mais oh combien significatif d’un machisme persistant, y compris de nos jours !
    
    Eh bien, en tant que femme, encore plus qu’en tant que féministe, j’ai envie de dire que la Pompadour ne méritait pas toute l’indignité qu’on a fait retomber sur elle. J’espère, par ce texte, avoir contribué, à donner d’elle ...
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