1. Douze mètres sous la surface, Alain et Eve...


    Datte: 03/03/2021, Catégories: nonéro, mélo, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... le centre de fitness Durieux&Cie, j’avais retrouvé la moitié du poids perdu. J’étais encore bien loin de la jeune femme sportive qui, il y a moins d’un an, passait ses vacances au bord de la mer rouge. Mais disons que je n’avais plus envie de balancer une pierre dans chaque miroir qui croisait mon chemin. En gros, j’avais l’air d’une adolescente de trente ans, filiforme, limite maigreur maladive. Et bien sûr, désespérément plate. Mais au moins n’entrais-je plus dans la catégorie des cadavres ambulants.
    
    J’avais pris l’habitude plus ou moins régulière de me maquiller – pas simplement pour les grands changements de cap dans ma conception de la vie, je veux dire. Pourquoi ? Et bien, quand j’appliquai mon fond de teint et mon rouge à lèvre, je voyais réapparaître l’ancienne Eva sous la gangue de ce visage ravagé.
    
    Et je ne mettais plus de survêts, à part pour mes deux heures quotidiennes de sport.
    
    Par chance, il y avait une mine de chiffons et de produits de beauté dans l’abri, des affaires qu’Élodie y avait remisées à l’occasion de leur déménagement. Je me demandais souvent ce que ça lui faisait, à Alain, de voir une étrangère endosser les froufrous de sa femme disparue… Je me réconfortais en me disant que les hommes ne se rappellent pas, en général, ce qu’on a porté l’année d’avant.
    
    Et puis, Alain et moi, nous n’étions plus franchement des inconnus.
    
    Au fur et à mesure de l’évolution de ma morphologie, je notais même de subtils changements dans son regard. Des ...
    ... modifications imperceptibles qui, mises bout à bout, changeaient pas mal la donne. Après m’avoir considérée avec la pitié et l’empathie réservées aux personnes gravement malades ou carrément mourantes, il me traitait enfin en femme. Pas encore en égale, faut pas rêver, mais disons en objet de désir plus ou moins conscient.
    
    L’abri des Keller avait beau être vaste, nous nous croisions parfois en petite tenue. Je voyais bien que les transformations de mon corps commençaient à lui faire de l’effet, à mon Alain. Il y a deux jours, au moment où il est entré dans la salle de bain, ma serviette s’est dénouée, lui laissant entrevoir ma poitrine (du moins, ce qu’il en restait) et mon ventre. Rien de bien méchant. De plus, ce n’était pas la première fois qu’il me voyait nue – il avait bien été obligé de me laver, quand j’étais trop faible… Alors qu’il s’apprêtait à sortir une de ses vannes habituelles, Alain n’avait rien dit, finalement. Son regard s’était troublé et il avait détourné les yeux. Je m’étais réajustée en un éclair.
    
    Comment devais-je le prendre ? Inutile de se voiler la face ; nous étions les deux seuls représentants de la race humaine à des années lumière, qui plus est de sexe opposé. Je n’étais pas du genre à le provoquer en faisant une bronzette intégrale dans le solarium, mais même en prenant mes précautions, ça allait forcément poser problème un jour…
    
    Par la force des choses, nous en étions arrivés à un équilibre étrangement asexué qui me convenait très bien. Et en ...
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