Le cavalier de l'Empereur
Datte: 05/05/2018,
Catégories:
fh,
fbi,
hplusag,
uniforme,
campagne,
voyage,
amour,
Oral
aventure,
historiqu,
Auteur: Margeride, Source: Revebebe
... purs, tellement droits qu’ils deviennent inhumains. Ces faux justes sont les plus grands pécheurs parce qu’ils pèchent par orgueil. Un vrai chrétien doit être humble, il doit d’abord se reconnaître comme imparfait et aimer les autres aussi pour leurs imperfections.
Dosière s’est vite aperçu que sous des airs patauds, le jeune Desbois a l’esprit vif. Tout intéresse ce garçon qui passe des heures à l’interroger sur l’Amérique, Georges Washington, Lafayette, les philosophes, la Révolution… Pierre a soif d’apprendre, de comprendre. Il s’imagine parcourant l’immensité du Nouveau Monde, il se voit trappeur affrontant des animaux fantastiques et vivant parmi ces indiens qui le fascinent. L’abbé lui apprend à lire, à écrire et à compter. Il pense faire de lui un prêtre, pourquoi pas un missionnaire, mais Pierre a d’autres rêves.
Depuis l’enfance, la passion de Pierre ce sont les chevaux. Bien sûr, pour un simple paysan, posséder un cheval de selle est un rêve inaccessible. À Rignac, seul Monsieur Jeanlin, un gros négociant en bestiaux qui vit ordinairement à Mende et vient passer les beaux jours dans sa propriété, non loin de la ferme des grands-parents de Pierre, en possède trois. Pierre pourrait passer des heures à les regarder paître tranquillement puis, sans raison, piquer un galop, s’agaçant l’un, l’autre de coups de dents et de sabots. Au printemps dernier, il s’est enhardi jusqu’à franchir les barrières du domaine Jeanlin pour tenter de toucher les animaux. Au début, il ...
... n’a pu les approcher. Dès qu’il s’avançait à leur rencontre, les chevaux s’enfuyaient en secouant leurs crinières, lui jetant des regards à la dérobée, comme pour le narguer.
Mais Pierre est patient et, au fil des jours, les bêtes se sont habituées à sa présence, surtout une pouliche à la robe d’un joli gris brun. Il apprendra plus tard que cette couleur se nomme « louvet ». Il n’oubliera jamais la sensation du souffle chaud de l’animal reniflant sa main et la douceur de son museau la première fois qu’il l’a caressé. Un matin, n’y tenant plus, il a enfourché sa nouvelle amie. L’expérience a été rude, quelques cabrioles et il s’est retrouvé à terre mais, malgré les contusions, il n’a pas renoncé. Avec ténacité, il est remonté sur le dos de la pouliche pour chuter de nouveau. Petit à petit, il a pu tenir en selle plus longtemps et, un jour, après bien des échecs et bien des bleus, l’animal l’a accepté. Il a appris d’instinct à le diriger à l’aide de ses seules jambes. Lorsque la neige est revenue, en octobre, renvoyant les chevaux à l’abri des écuries, Pierre était devenu un excellent cavalier, un de ces hommes qui paraissent faire corps avec leur monture.
— Et personne ne t’a jamais surpris ?
Charlotte, allongée sur le lit, avait enfilé, sans la boutonner, une chemise blanche prise dans la penderie de son amant. Son menton volontaire posé au creux des mains, elle écoutait, l’esprit vagabondant vers des lieux et des temps disparus.
« Dieu qu’elle est belle », songea ...