Le cavalier de l'Empereur
Datte: 05/05/2018,
Catégories:
fh,
fbi,
hplusag,
uniforme,
campagne,
voyage,
amour,
Oral
aventure,
historiqu,
Auteur: Margeride, Source: Revebebe
... boutiques remplies de richesses, d’étoffes somptueuses, de nourritures étranges, avec ces odeurs inconnues qui lui assaillaient les narines.
Pierre marcha assez longtemps, se faisant parfois bousculer, manquant même d’être renversé par un fiacre. Lorsqu’il découvrit, au bout d’une large avenue l’entrée imposante du château du Val, aujourd’hui disparu, Il hésita un long moment avant d’oser y pénétrer. Il franchit une première grille, puis un petit pont enjambant les douves, puis un portail encore plus grand et plus ouvragé que le premier. Il lui fallut alors traverser une immense cour pavée où se trouvaient des voiture attelées à des chevaux tous splendides et autour desquelles s’affairaient des cochers somptueusement vêtus.
Il arriva devant la porte d’entrée où un majordome, l’air suspicieux, examina la lettre confiée par Dosière. Jetant un regard hautain sur ses habits de paysan, l’homme lui fit signe de le suivre. Ils pénétrèrent dans un hall somptueux, d’un luxe dont Pierre n’aurait pu soupçonner qu’il pût même exister. Statues antiques, tapisseries, toiles de maître, lui sautaient au visage mais, ce qui l’impressionna peut-être le plus, c’était l’extraordinaire sol en marbre dans lequel il pouvait voir son image se refléter. Le majordome lui ordonna d’attendre et alla frapper à une porte.
— Entrez, répondit une voix énergique.
Son guide pénétra dans la pièce, en prenant soin de refermer la porte, pour revenir un instant après. Il fit signe à Pierre de ...
... s’avancer et l’introduisit dans un petit cabinet de travail, richement meublé dont la porte-fenêtre donnait sur le splendide jardin à la française et les célèbres pièces d’eau qui faisaient la renommée du château. Le général était en civil, il portait un habit bleu vif, parfaitement ajusté, coupé dans un tissu moiré comme Pierre n’en avait jamais vu.
L’homme était assez grand, même si Pierre le dépassait d’une tête. Il scruta le jeune paysan d’un regard noir, perçant. Après un moment qui sembla à Pierre une éternité, Masséna se mit à parler d’une voix un peu saccadée, comme s’il essayait par son débit rapide d’évacuer toute l’énergie qui émanait de lui.
— Alors, mon garçon, tu viens de la part de Dosière, un saint homme… Pas comme moi…
— Oui, général, enfin je veux dire, oui, je viens de sa part.
Masséna parcourut la lettre.
— Et tu veux être soldat ?
— Oh oui, général, je veux servir le Premier Consul.
Masséna frappa le bureau du plat de la main avec une telle violence que Pierre sursauta.
— Le Corse, Bonaparte ! Tu veux servir le Corse, pauvre fou ! Regarde-moi, foutredieu, j’ai bloqué les autrichiens à Gênes deux mois, plus longtemps qu’il n’était humainement possible, je les ai retenus pour qu’il puisse gagner à Marengo. Sans moi, il était balayé, tu m’entends ? Balayé. Pfuit, comme ça ! En plus, j’ai pu ramener mes troupes en France, j’ai même réussi à sauver quelques canons, cachés au fond des cales des bateaux. Et ma récompense ? Il me vole mon armée et je ...