Le cavalier de l'Empereur
Datte: 05/05/2018,
Catégories:
fh,
fbi,
hplusag,
uniforme,
campagne,
voyage,
amour,
Oral
aventure,
historiqu,
Auteur: Margeride, Source: Revebebe
... soudain devenu grave.
— Tu sais, le commandant, c’est quelqu’un de bien, vraiment bien. Il se donne des airs, un peu cyniques mais au fond c’est un romantique. Déjà, il avait une image romantique de l’armée, c’est pour ça qu’il en a eu marre. Tu vois, il s’endormait et tu l’as réveillé. Le problème des militaires comme le commandant, comme moi, c’est qu’on reste longtemps des adolescents et puis, si on fait pas gaffe, on se rend compte qu’on est vieux sans avoir rien vu venir. Bien sûr, on s’est pas vus cet après-midi…
— Viens, viens vite.
Charlotte était rentrée chez elle. Elle s’était installée sur le canapé et tout d’un coup, elle avait attrapé le téléphone. Elle voulait être près de lui, tant pis, elle ne voulait pas passer à côté de ça, quitte à souffrir encore, à souffrir à en crever. Elle avait lâché ces trois mots comme on lance une bouée de sauvetage. En entendant sa voix, tout l’agacement que Rignac avait ressenti en apprenant qu’elle s’était volatilisée, avait disparu.
— Bien sûr, mon cœur, j’arrive, tout va bien.
En raccrochant, Charlotte s’était sentie comme sur un nuage. Maintenant, elle savait ce qu’elle voulait. Elle avait besoin d’être avec cet homme dont la vie était tellement éloignée de la sienne, mais qui lui semblait faire partie d’elle. D’être avec lui, pour une heure ou pour la vie.
Rignac sonna. Elle ouvrit si vite qu’il se demanda un instant si elle n’attendait pas derrière la porte. Elle s’était changée : un jean un peu usé, ...
... épousant ses longues jambes avec cette douceur que prend le coton épais lorsqu’il a beaucoup été porté, les cheveux dénoués, les pieds nus. Rignac ressentit un véritable coup de cœur. Dans cette tenue si simple, elle lui semblait peut-être encore plus belle. Un instant après, Charlotte se pelotonnait dans les bras solides de son amant, de son compagnon ? Qui sait ?
— Emmène-moi là-bas, partons. Tout de suite…
— Mais où, ma chérie ?
— Là où est né Pierre Desbois. Je veux voir Rignac, le village je veux dire, la cure de l’abbé Dosière, le manoir des Jeanlin, la maison des Desbois, marcher dans les bois où Pierre se promenait.
— Pour le manoir des Jeanlin ce sera difficile, il a été brûlé par les Allemands en 44, il n’en reste rien. Tu sais que tu es folle… J’adore parce que je suis un peu cinglé, moi aussi. Allons-y. Mais pas d’autoroute ! Jean Yanne détestait les départementales, moi j’ai horreur des autoroutes.
Il y a comme une sorte de magie, lorsque l’on passe la porte d’Italie et que, tout d’un coup, l’avenue de Fontainebleau se transforme en Nationale 7. « Nationale 7 », un parfum de vacances un peu désuet, on imagine des voitures décapotées filant entre des rangées de platanes. Il y a comme un zeste de Belle-Époque, lorsque l’on prend ainsi, par le chemin des écoliers, la direction du sud.
Mais affronter les routes de la Margeride en hiver avec la Bentley aurait relevé de la gageure. C’est donc à bord d’un Range Rover, l’un des tous premiers modèles, affichant ...