1. Géromine prend l'avion


    Datte: 16/02/2021, Catégories: voyage, fdanus, pastiche, délire, Humour Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    Et partir sur Québec Air, Transworld, Nord-East, Eastern, Western…ici en l’occurrence la S.M.A.C. (South Mongolia Airline Company)
    
    Arrivée à Charles de Gaulle, Géromine vérifia une dernière fois qu’elle n’avait rien oublié : son passeport, son billet, sa carte bleue internationale, ses lunettes de soleil, sa crème à raser et ses préservatifs (Toujours sortir couverte, telle était sa devise !). Elle avait vérifié à plusieurs reprises hier soir, avant de se coucher. Ce matin encore, avant de prendre son taxi, et même dans le TGV. Elle savait qu’elle se montrait stupide, limite monomaniaque, mais elle ne pouvait s’en empêcher. À l’âge de 12 ans, elle avait oublié une photo de Keith Richard dans son livre de messe. Sœur Marie-Rose, leur professeur d’instruction religieuse, l’avait trouvée et ses fesses s’en souvenaient encore. Depuis elle craignait toujours dans la plus totale panique d’oublier quelque chose.
    
    Ce voyage à Dala Dzadagad (j’vous jure que ça existe) était inespéré : elle se rendait au colloque international des œnologues de Mongolie du Sud pour remplacer au pied levé le professeur Julienne-Astrid de Brouilly-Saintamour, spécialiste mondiale des crus du Beaujolais et de la langue fourrée vietnamienne. Victime d’une jaunisse à la suite d’une dégustation de moules avariées, elle avait décliné l’invitation par crainte que la couleur de sa peau passe auprès de ses hôtes pour un affront à connotation raciste. Géromine, maître de conférences à la fac de ...
    ... Beaune-les-Mimosas, pourrait enfin présenter ses travaux traitant des conséquences de la sexualité hermaphrodite des escargots de Bourgogne sur la robe d’un Vosne-Romanée 1979.
    
    Son TGV n’ayant que trois-quarts d’heure de retard, elle put enregistrer ses bagages et retirer sa carte d’embarquement sans précipitation. Elle baguenauda (du verbe baguenauder : se promener, flâner, bande d’ignares) dans l’aéroport en attendant de pouvoir accéder à la salle d’embarquement. Cet endroit lui foutait le bourdon. Les personnes les plus aimables qu’on pouvait croiser étaient les militaires avec leurs mines patibulaires et leurs mitraillettes en bandoulière. À Hong-Kong, Amsterdam, Genève voire même Francfort, on prenait presque du plaisir à se faire escroquer par des commerçants qui feignaient la sympathie. Mais à Paris…
    
    Lasse de tourner en rond, elle fut une des premières à se présenter au contrôle. Heureuse d’avoir précédé la période d’affluence, elle se présenta toute guillerette à la douane. Pas de problème avec son passeport biométrique vierge de tout tampon périodique. Le beau jeune homme bronzé en uniforme la gratifia d’un charmant sourire bleu-blanc-rouge. Ses bagages de cabine avaient réussi haut la main l’examen du scanner. Elle avait juste constaté une furtive rougeur sur le front halé du jeune mais viril douanier : sans doute la vision de sa panoplie d’olisbos (si vous savez pas ce que c’est, cherchez sur l’encyclo !) sur l’écran. Elle ne partait jamais sans eux et ne les laissait pas ...
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