1. Les émois de Valériane - 3/3


    Datte: 14/02/2021, Catégories: ffh, hplusag, fplusag, champagne, couple+f, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... temps et l’espace d’un soupir qu’elles exhalent en une longue et indolente plainte. Elles clament et dénoncent la pénitence qui les sépare avant que de se retrouver par tous ces atermoiements et émois desséchées. Fermes, boursouflées par l’attente, elles s’écrasent mutuellement, jointes en une ardente supplique.
    
    Entre les barrières ivoirines point timidement un éclair mauve qui se voue à apaiser les gerçures que trop de fièvres y ont empreintes et bientôt les langues se saluent, effarouchées d’abord, s’explorent enfin fébrilement puis se nouent impétueusement. À nouveau, elles se fuient et se perdent ; c’est moi qui me suis reculée pour contempler le visage de ma belle éplorée et m’imprégner de cette attendrissante image : un minois inondé de bonheur, rayonnant d’ivresse – une pulpe vermeille et charnue, suffocante, gonflée de mutine excitation – une bouche solliciteuse, balbutiant quelque muette rengaine, s’ouvrant et se refermant à mesure, enflée d’une indicible prière – des yeux langoureux et implorants, soulignant un ineffable sourire de béatitude et proclamant le supplice de son tendre martyre. Et encore nos bouches se happent, s’aspirent et se soudent, de biais maintenant pour mieux s’ajuster. Nous nous faisons siamoises, accolées par cet organe pourvoyeur de saveurs enchanteresses. Dix fois nous nous écartons et cent fois nous rejoignons scellant notre accord dans cette fusion.
    
    Je n’ai pas de doute, nous vivons ce partage à l’unisson ; notre empathie est totale, ...
    ... nos yeux se ferment, rient ou se révulsent conjointement. Cet envahissement mutuel, à l’encontre des viriles irruptions, n’est ni présomptueux, ni brutal, ni dominé par la quête forcenée d’un plaisir immédiat et se développe presque insidieux, nonchalamment pour nous délivrer tout le miel de sa félicité dont la saveur s’accentue, graduellement, sans limite. Nos dents tantôt pourtant aussi s’aiguisent sur la lippe opposée quoique complice, aiguillonnant cette candeur d’une pointe de délectable tourment. Je n’ai à ce jour jamais vécu la ferveur d’une telle étreinte, et ne peux consentir à la fin d’une communion qui me détachera de moi-même. Plus rien ne compte et comme moi, elle a oublié Fédor. Combien de temps demeurons-nous enlacées, mêlant notre écume avec volupté ? Une seconde ou une éternité, aucune ne saurait le dire, car la détente que nous procure cette accolade dissipe l’excès de tensions accumulées et abolit les repères d’une vaine temporalité. La première, je m’esquive pour dévorer d’une multitude de petites embrassades ignées le front, les joues et le cou d’Alizée.
    
    À quoi donc peut-on encore prétendre après avoir épuisé toute la passion en un seul baiser ? Il me semble, en celui-ci, avoir, et vécu les ressources de l’amour, et appris ce que je n’avais pas compris dans les précédents, ainsi, à être réceptive aux petites nuances qui créent la richesse d’une accolade. Lorsque nous revenons sur terre Fédor qui a retiré pantalon et slip, vient s’asseoir aux côtés de ...
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