Promenons-nous dans les bois...
Datte: 05/02/2021,
Catégories:
fh,
frousses,
inconnu,
poilu(e)s,
forêt,
Oral
pénétratio,
conte,
merveilleu,
sorcelleri,
contes,
occasion,
nature,
Auteur: Morodar, Source: Revebebe
D’ordinaire, personne ne vient dans cette partie de la forêt. Tous les chasseurs m’évitent, et les habitants du village tout proche savent qu’il vaut mieux me foutre la paix. Je suis un solitaire. J’aime la tranquillité. Ils savent que je ne leur ferai aucun mal. Je chasse ici depuis des années. Je ne vais pas m’en prendre à leur bétail, même si c’est très tentant. Non, je préfère l’excitation de la traque. La mise à mort est encore plus satisfaisante quand la proie est difficile à abattre. Le bétail ne me fournit aucun défi. Et puis, le daim, c’est meilleur que le mouton ou la chèvre.
Mais je remonte depuis un moment l’odeur d’un humain. Elle n’appartient à aucun des chasseurs ou trappeurs que je connaisse. Et c’est celle d’une femelle. Un nouveau venu, c’est rare, mais une femme, c’est un truc si exceptionnel que je ne me rappelle pas la dernière fois que j’en ai vu une.
Je la trouve finalement dans une petite clairière ensoleillée. Je connais bien l’endroit. C’est un ancien lieu de culte d’un dieu de la fertilité. Son autel de pierre est toujours là, au centre du demi-cercle formé par la clairière. Il est vieux, usé par le temps, le vent et la pluie. Plus personne ne se souvient des rites de ce dieu, ni même son nom.
D’abord, je reste caché. Sous ma forme actuelle, je fais peur à la plupart des gens. Mieux vaut attendre de voir l’intruse avant de me montrer. Si elle me semble être du genre farouche, je vais rester planqué dans les buissons. Je ne veux pas qu’elle ...
... me jette des pierres, ou coure dire à sa famille qu’un monstre velu a tenté de la bouffer. Elle est assez insouciante, à première vue. Elle ne fait aucun effort pour être discrète. Elle ramasse des champignons tout en chantant. Et cette cape rouge, vraiment pas subtil ! Bon, c’est vrai qu’à part moi, il n’y a presque aucun autre prédateur dans les bois. Je les ai tous dévorés. L’ours, c’est mon plat préféré. Du coup, les herbivores abondent dans la forêt. C’est sans doute pour ça que les gens du coin me voient comme une sorte d’esprit bénéfique. Grâce à moi, ces bois sont presque aussi sûrs que leurs maisons. Et il y a abondance de gibier pour tous.
J’examine ma visiteuse avec plus d’attention. C’est une jeune femme. Malgré sa cape ample, je vois bien que son corps à des courbes appétissantes. Je suis un moment fasciné par la grâce juvénile qu’elle dégage en se déplaçant dans la clairière, sautillant d’un amas de champignons à l’autre. Bon sang, depuis ma malédiction, je n’ai pas touché une seule femme. Combien de temps, déjà ? Dix, quinze ans ? Pas étonnant que voir une jolie fille m’émoustille. Je relève la truffe et hume l’air. Elle sent bon. La vanille, les amandes et la jeunesse. Je dirige mes oreilles pointues vers elle. Je l’entends fredonner une courte chanson d’une voix musicale.
— Promenons-nous dans le bois, mais seulement si Loup est là. Car si Loup est là, les monstres ne nous mangeront pas.
Une comptine que j’avais déjà entendue, chantée par des enfants ...