1. L’abandon


    Datte: 28/01/2021, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Arsenne, Source: Hds

    ... abominable s’il en est ! Avec toutes les conséquences que cela implique. Je me sens incapable de bouger. Ils restent collés l’un à l’autre, lui toujours planté en elle, pour contenir sa semence au fond du vagin, tout près des organes de procréation. Elle a gardé ses jambes serrées autour de ses hanches pour le retenir. Elle lui caresse la nuque, dans un geste de douceur affective. Il lui passe la main dans ses cheveux.
    
    Les deux corps restent encore enlacés, intimement liés par le contact de leur peau, alors que lentement la liqueur déposée au fond du vagin envahit, gagne toutes les cellules vivantes jusqu’à leur âme. Je comprends la force de ce symbole, celui de la possession et de l’abandon. Ma femme se fond en lui, il la symbiose, la phagocytose. Au delà me du physique c’est l’esprit qui change de corps
    
    Les minutes passent puis lentement il s’écarte pour venir s’allonger à ses côtés. La poitrine nue de Chantal est habitée de soubresauts. Sa respiration est saccadée. Elle ne pleure plus pourtant et c’est même un sourire plein de tendresse qu’elle lui adresse.
    
    Mesure-t-elle l’étendue du désastre ? Réalise-t-elle ce qu’elle vient de faire ? Suis-je encore au centre de sa pensée. Ou bien craint-elle déjà de perdre celui qui vient de lui donner tant de plaisir ? Son amant, cet homme qui l’a séduite en une seule soirée. Cet homme à qui elle n’a pas résisté plus de quelques minutes ...
    ... avant de lui abandonner, pour l’effacer, tout le passé qui est le notre. Elle s’est laissée aller à sa propre jouissance et docilement s’est résolue à prendre le risque de se faire féconder par la virilité puissante de son amant de passage. Je suis détruit.
    
    Un homme a pris possession de ma femme, déversant en elle sa semence. Ce symbole est extrêmement fort. Même s’il ne l’a pas fécondée, il l’a ensemencée. Le sperme, le germe qui est maintenant en elle, va coloniser toutes les cellules de son corps, jusqu’à son cœur, son esprit, son âme. Plus jamais elle ne pourra s’en délivrer, effacer ce « marquage » indélébile. Elle restera marquée jusqu’à la fin de sa vie. La pénétration est le premier stade de cette invasion. Quand le gland écarte les lèvres humides, ultime barrage à l’invasion, pénètre et avance, conquérant, dans la place forte, plus rien ne peut plus s’opposer à l’accomplissement de la catharsis.
    
    Je trouve la force de m’éloigner en silence de cette chambre. Les questions me submergent.
    
    Un coup de foudre si brutal ? Un moment d’égarement, vite oublié ? Le début d’une liaison adultérine ? En cet instant je ne sais plus si je l’aime encore. Et même si elle m’aime encore. Et c’est à mon tour de fondre en larme quand je monte dans mon auto pour fuir cet endroit de malheur : ce qui a été notre maison.
    
    Je ne suis pas cocu, non !
    
    Je suis seul, sans épouse, le cœur vide. 
«1234»