Trauma extrauma
Datte: 21/01/2021,
Catégories:
fh,
ff,
confession,
couple,
f+medical,
Auteur: Tito40, Source: Revebebe
... c’est poétique ! Mais je n’avais pas la tête à ça. Encore moins le cul, d’ailleurs. Je me suis écartée brutalement avant de partir en courant. En paf, le 4x4.
Le personnel de la clinique était plutôt sympathique, bien qu’assez froid. Ma famille était assidue, mais voir leurs têtes dépitées était souvent une souffrance de plus. Elles me rappelaient que j’étais cassée de partout, moche comme une malade, que je leur inspirais sans doute de la pitié, que je leur faisais perdre de leur temps à venir à l’hôpital, à garer leurs voitures, à arpenter les couloirs interminables pour venir jusqu’en traumatologie, attendre l’ascenseur, tourner à gauche en arrivant et aller au fond du couloir, dernière chambre à droite. Les uns et les autres arrivaient les mains chargées de fleurs ou de chocolats dont je m’empiffrais. Non seulement j’étais moche, mais en plus j’étais grosse, de plus en plus grosse.
Mon mari, entre les enfants et son travail, me faisait sentir sans le vouloir qu’il m’en voulait. Il avait toujours quelque chose à faire avant de venir qui le faisait arriver tard, et il avait toujours quelque chose à faire après, qui le faisait partir tôt. Le plus difficile pour moi finalement, c’était quand même de voir dans son regard l’horreur qu’il éprouvait devant mes blessures. Les cicatrices, les changements de mon corps, ma peau blanchie, tout ça semblait le dégoûter. Je me sentais moche et j’aurais aimé qu’il me rassure, mais c’est tout le contraire qu’il faisait ; pas par ...
... ses mots, rares, mais par son attitude, distante. Entre-temps il m’appelait au téléphone pour prendre de mes nouvelles – toujours les mêmes – et me donner des siennes, toujours les mêmes également. Les jours étaient longs, pénibles, et le début de la rééducation fut la bienvenue pour me changer un peu de rythme.
Et évidemment, psychologue comme il est, il n’avait pas manqué de me rappeler que si j’avais accepté ses avances ce matin-là j’aurais peut-être eu mal au cul quelques jours, mais ma voiture eût été intacte et mes neurones aussi. Délicat, non ?
J’ai eu une vie avant lui, une vie trépidante, excitante, devenue ennuyeuse et monotone, routinière et délétère. J’avais épousé un ami, un vrai. Un ami avec lequel nous partagions tout. On s’était connus jeunes, et seule sa période d’armée nous avait séparés. Nous avions fait nos études au même endroit, et très tôt nous avions décidé de vivre ensemble. La fête chaque jour, chaque soir, chaque nuit ; c’est cette vie-là que j’aimais. Que nous aimions. Puis nous nous sommes mis en tête d’avoir un enfant. C’était devenu notre projet, notre priorité. Nos relations se sont petit à petit limitées à des tentatives de procréation, usant et abusant des recettes que nous donnaient les différents médecins que nous avons vus. En vain. Nous n’avons pas trouvé d’explication rationnelle. Peut-être – et c’est la conclusion à laquelle nous étions arrivés petit à petit – la Nature nous signifiait-elle que nous n’étions pas faits pour être ...