1. Trauma extrauma


    Datte: 21/01/2021, Catégories: fh, ff, confession, couple, f+medical, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    Je cherchais mon téléphone dans mon sac à main posé sur le siège passager. Quand j’ai relevé le nez pour regarder la route, une lumière rouge intense a pénétré mes pupilles et j’ai entendu un bruit sourd, le bruit de la tôle qui se froisse, le bruit qui précède la nuit.
    
    L’airbag a explosé, empêchant sans doute ma tête de heurter le volant. J’ai senti une vive et brève douleur, puis plus rien. Le néant.
    
    * * *
    
    J’ai voulu parler en me réveillant. Si vous me connaissiez, vous sauriez qu’il ne vaut mieux pas m’adresser la parole. Je suis une infatigable bavarde. Mais avec ces tuyaux dans la bouche, impossible de parler. Les larmes sont arrivées sans crier gare aux coins de mes yeux. J’étais incapable d’émettre le moindre son.
    
    Quand j’ai voulu bouger, je me suis sentie paralysée et très faible. Si vous me connaissiez, vous sauriez que je bouge beaucoup, que je suis incapable de rester en place, que je danse plus que je ne marche, que je saute plus que je ne cours. Les larmes sont devenues flot, le désespoir m’avait gagnée.
    
    Et lesbip-bip qui me perçaient les oreilles n’avaient rien de rassurant, pas davantage d’ailleurs que ces gens en blouse blanche que je voyais s’affairer, comme si chaque geste était une urgence absolue.
    
    Entre ce stupide accident – mais ne sont-ils pas tous stupides ? – et mon réveil sur ce lit blanc, j’ai compris après qu’il s’était écoulé une longue semaine. Huit jours pendant lesquels on m’avait plongée dans le coma pour préserver mes ...
    ... fonctions vitales.
    
    Enfoncement de la cage thoracique, multiples fractures de la jambe gauche, luxation d’une épaule, traumatisme crânien… tout ça pour un téléphone. J’avais simplement heurté un véhicule qui me précédait et qui s’était arrêté pour laisser passer des piétons. Le conducteur du 4x4 n’avait subi que des dommages légers, contrairement à sa voiture dont j’avais défoncé le cul. Mais après coup, on se dit qu’il valait mieux, finalement, défoncer sa voiture que rouler sur ces pauvres gens qui voulaient juste traverser. On peut se dire aussi, après coup, que j’aurais dû me faire défoncer le cul moi-même ce matin-là.
    
    Oui. Ce matin-là. Tout allait de travers. Ma fille avait renversé son bol de lait chaud, m’obligeant à lui trouver des vêtements propres ; mon chien avait chié partout et j’avais dû passer la serpillière ; j’avais dû appeler le médecin pour prendre rendez-vous pour mon fils qui toussait comme jamais ; j’avais cherché mes clés pendant 10 minutes alors que je les avais dans la poche… Et mon mari m’avait regardée m’exciter en rigolant comme si tout ça n’avait pas d’importance, et quand j’étais venue lui faire un bisou avant de partir, il m’avait forcée à m’asseoir sur ses genoux, m’avait passé une main sous la jupe et m’avait adressé sur un ton sarcastique l’une des tirades dont il a le secret. Vous savez, ce genre de phrase auxquelles les intellectuels ont longuement réfléchi : « Je te bourrerais bien le cul ; ça me rend dingue quand tu transpires. »
    
    Ah, ...
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