1. Quiproquo


    Datte: 20/01/2021, Catégories: fh, inconnu, grosseins, essayage, intermast, Oral fist, fdanus, fsodo, hdanus, Auteur: GillesP, Source: Revebebe

    L’histoire que je vais vous confier m’est arrivée au mois de mai 2002, je me souviens très bien de cette date, c’était le 18 mai 2002. C’était un samedi, à 12 heures 45 précises. Comment puis-je me souvenir avec précision de cette date et de son heure, quelques trois années après ? C’est assez simple, il est certaines dates dont on se souvient toute sa vie. Celle de sa naissance, d’une part. Mais je ne suis pas né en mai, je suis né en novembre. Ce n’est pas non plus la date de naissance de mon épouse ou celle de mes enfants, car après vingt années de mariage, je ne connais précisément aucune de ces dates, à part peut-être par le truchement de quelques moyens mnémotechniques dont mon entourage connaît l’approximation. Je fais partie des soixante-huit pour cent de maris qui oublient la date d’anniversaire de leur femme de façon chronique. Ce n’est pas la date de naissance de mes parents, non plus.
    
    Non, c’est la date de ma mort.
    
    Oui… Il faut que je vous explique. Le 18 décembre 2001, j’avais un énième rendez-vous chez le célèbre Docteur Mallebranche, à l’hôpital Bichat. Ma santé nous préoccupait tous, car j’avais perdu quelques kilos et j’étais exténué depuis quatre semaines. J’avais donc passé la première partie du mois de décembre à subir toutes sortes d’examens. Le 18 décembre 2001, j’attendais dans la salle d’attente du fameux docteur pour connaître les résultats de mes ultimes analyses. J’étais dans un état de décomposition mentale avancée. J’étais moite. J’avais ...
    ... peur. Je me raisonnais en essayant de chasser le pire de mon esprit. Je me demandais pourquoi il était important de s’adresser à un docteur réputé pour apprendre qu’on était foutu. Puis, n’y tenant plus, je me suis surpris à coller l’oreille à la porte de sa salle de consultation et j’ai entendu ceci :
    
    — Il en a pour six mois, le foie est pris.
    
    À l’écoute de ces dix mots, mon sang s’est glacé. J’attendais complètement sonné, comme si j’avais reçu un direct du gauche et qu’il ne me restait plus qu’à compter les coups du gong. J’étais assis sur un des fauteuils en skaï noir de la salle d’attente et, lorsque le génial docteur m’ouvrit la porte de son cabinet, il se trouva face à un homme livide incapable d’écouter le moindre de ses propos. J’entendis le docteur me dire que je n’avais rien, qu’il venait de l’annoncer par téléphone à mon épouse. Et je compris : vous êtes foutu mon vieux, je viens d’appeler votre épouse, nous allons vous jouer la comédie pendant six mois. Mon esprit s’est mis à vagabonder quelques minutes. Puis je me suis révolté. J’ai hésité à lui casser la figure pour lui faire comprendre que je n’aimais pas que l’on me prenne pour un imbécile. Mais je me suis résigné. J’ai compté dans ma tête et je me suis dit que j’avais jusqu’au 18 mai 2002 pour vivre encore un peu.
    
    Allez savoir pourquoi, en sortant encore abasourdi de l’hôpital, je me suis dit que j’allais vivre à fond les six mois de crédit qui me restaient. J’accélérai le pas, curieusement, malgré la ...
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