1. L'enfer des brocantes


    Datte: 03/01/2021, Catégories: fh, fagée, inconnu, voiture, cérébral, nonéro, Humour Auteur: Olaf, Source: Revebebe

    ... conversation.
    
    — Vous avez besoin d’aide ? l’entendis-je demander d’une voix posée, calme et fort douce.
    — Oh, bonjour… c’est vous qui vendez ces livres ?
    — Non, mais j’apprécie beaucoup ce genre de littérature. Et je ne suis pas insensible à un monsieur qui s’y intéresse…
    
    On était d’emblée au cœur du sujet. Ce n’était pourtant pas tâche facile de faire abandonner l’imaginaire érotique à un inconnu, pour une réalité un peu fatiguée de chair et de sang. Quelle expérience, quelle connaissance des hommes devait-elle avoir pour être aussi sûre d’elle et du succès de son entreprise ?
    
    Impatient de voir quelle attitude elle avait adopté pour séduire si directement un inconnu, je pris prétexte de placer quelques bibelots à l’autre bout du stand pour me retourner. Elle s’était approchée de lui, et venait de poser sa main sur la sienne. Elle le regarda ouvertement, une lueur de désir au fond des prunelles, puis glissa posément son index dans le creux de la main de l’homme, et exécuta brièvement un va-et-vient d’une incroyable puissance érotique. L’effet fut immédiat. La tension que la lecture avait amorcée se mua en une majestueuse érection.
    
    Quelqu’un pourra-t-il un jour m’expliquer ce qui peut pousser deux êtres, que rien ne disposait à un tel échange quelques minutes auparavant, à se laisser aller de manière aussi primitivement sensuelle ? La dame irradiait de désir brut et semblait prête à entraîner son partenaire dans une danse du rut magnifique et voluptueuse. Sans ...
    ... autre geste obscène ni parole déplacée, tout en ces deux êtres exprimait l’impérieuse envie de se faire plaisir, là et maintenant. C’était un spectacle à la fois sublime, brutal et parfaitement choquant. Mais, somme toute, réjouissant pour l’avenir génétique de l’humanité. Quoique…à leur âge ?
    
    Arrivés à ce stade de complicité, il ne leur restait sans doute plus qu’à régler les détails de la manière et du lieu. Je m’attendais à ce qu’ils se dirigent vers le prochain hôtel. Il n’en fut rien. Elle s’éloigna la première, contournant ma camionnette, et après un bref regard aux alentours pénétra à l’arrière d’un fourgon placé dans la rangée adossée à mon stand. Il l’y suivit peu après, la rejoignant par la portière laissée entrouverte. Le brocanteur du stand concerné, un jeune qui débutait dans le métier, sembla ne rien remarquer et poursuivit sa discussion avec une cliente.
    
    La situation devenait franchement gênante. Ils ne forçaient certainement personne à s’intéresser à leurs aventures, même si le bonhomme avait emporté mon livre, après avoir précisé dans un clin d’œil qu’il le rapporterait très prochainement, « après usage ».
    
    Mais comment détacher mes pensées de ce qu’ils se préparaient ouvertement à accomplir ? D’autant que les mouvements de la camionnette étaient sans équivoque. En tendant l’oreille, ce dont je me suis néanmoins abstenu, j’aurais certainement pu les entendre gémir et proférer leurs encouragements sauvages. Tout cela à la barbe du marchand voisin. Mais ...