1. L'enfer des brocantes


    Datte: 03/01/2021, Catégories: fh, fagée, inconnu, voiture, cérébral, nonéro, Humour Auteur: Olaf, Source: Revebebe

    ... essaya de découvrir par-dessus son épaule ce qu’il était en train de lire. Puis il sortit directement du carton un traité de massage érotique illustré de dessins au fusain, et m’en demanda le prix. Sans me laisser le temps de répondre, il se crut obligé de préciser que ce n’était pas pour lui, mais pour son fils apparemment actif dans ce domaine.
    
    Sitôt la transaction terminée, je tentai de découvrir ce que devenait l’amateur éclairé. Il semblait plongé dans un chapitre passionnant, à en croire la protubérance qui ornait son pantalon. En jouant serré, je devais pouvoir placer trois ou quatre bouquins de valeur, qui rembourseraient la location de la place. Par une matinée aussi calme, c’était presque inespéré.
    
    Malheureusement pour moi, il était écrit qu’il n’en serait rien ce jour. J’eus un premier doute lorsque je vis passer une dame de type méditerranéen, dont j’avais fugitivement aperçu la haute silhouette peu auparavant.
    
    La soixantaine bien marquée, elle arborait avec une légitime fierté un corps lourd, mais ferme. Elle était vêtue d’un tailleur brun foncé que sa poitrine remplissait abondamment, ce que des mouvements harmonieux mettaient en évidence sans ostentation. Son visage marqué par les années n’était pas beau, mais vivant et chaleureux, et il se dégageait d’elle une énergie particulière. Elle n’aurait pas attiré le regard au milieu d’autres personnes, mais une fois remarquée elle savait le retenir d’agréable manière. Pour être précis, la dame en ...
    ... question avait été fort désirable, l’était encore à sa façon et quelque chose dans ses gestes, ou peut-être son maintien, exprimait qu’elle n’entendait pas s’en priver.
    
    Elle sembla s’intéresser à une céramique, laissant apparaître le contour d’un sein par les interstices de sa jaquette au moment de reposer la pièce. La mamelle en question était certes ridée mais, n’en déplaise à la Sarah de Reggiani, pouvait encore fort bien porter le nom d’appas. Détail piquant, si j’ose dire, son mamelon semblait fermement bandé, et apparaissait dardé sous le tissu du vêtement.
    
    Mon doute s’aggrava lorsque je compris que ce n’était pas mon stand qui attirait la cliente, mais le monsieur grisonnant. L’avait-elle repéré auparavant, avait-elle vu quel genre de livre il tenait en mains ou les effets de la lecture ? Aucune idée, mais tout indiquait qu’elle avait amorcé une manœuvre d’approche. Qu’avait-elle réellement l’intention de faire avec mon client potentiel ?
    
    J’avais perdu la maîtrise de la situation et n’étais plus en mesure d’intervenir pour accélérer le choix littéraire du bonhomme. Restait à espérer que la rencontre de ces deux êtres serait tout de même profitable à mon commerce.
    
    Pour éviter d’avoir à tenir la chandelle, je me servis une deuxième tasse de café et entrepris de ranger quelques objets dans mon fourgon. Comment s’est-elle fait remarquer, par quel artifice a-t-elle éveillé son intérêt, par quel sortilège l’a-t-elle amadoué ? Je dus me contenter de quelques bribes de ...