1. JOURNAL DE MA VIE AMOUREUSE (Histoire fictive) - CHAPITRE 3 : Passé


    Datte: 02/01/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Cramache, Source: Hds

    ... épuisé mentalement. D’avoir parlé d’eux avec Sylvain, la veille, a amoindri mes défenses. Je me dépêche de remonter en voiture pour fuir ce lieu. Là, mon téléphone sonne, c’est lui :
    
    -Ah, tu réponds enfin, dit-il grognon.
    
    -Désolé, répondis-je agacé, je t’ai dit que j’étais occupé aujourd’hui, un truc important. Je suis pas en ville, et je suis crevé.
    
    -Pardonne-moi je te laisse.
    
    Et il raccroche. Son ton a été très dur, teinté de tristesse. J’avoue que je n’aurais pas dû lui parler comme ça, mais je commence à avoir la migraine à cause de la chaleur. Je le rappelle, et tombe sur le répondeur. Je laisse un message : « Désolé, c’est juste que j’ai mal au crâne et je viens de faire un truc qui me touche de près. Là, je vais rentrer, viens me voir ce soir ». Je pose mon téléphone, et je démarre sans un regard en arrière.
    
    Une fois chez moi, je file prendre une douche, et je m’allonge nu sur mon lit, les stores baissés. Ma migraine empire, j’ai un coup de soleil sur le visage et le cou. J’ai pris une aspirine et je m’endors. Je rêve de mes parents, de ma jeunesse, du jour où je suis tombé d’un arbre du jardin, et que je m’en suis sorti avec une foulure, à la première fois où mon père m’a mis un rabot dans les mains, et que j’ai découvert le travail du bois. Tous mes bons souvenirs reviennent à la surface, comme les mauvais (les engueulades à propos de mes notes, par exemple), et je vois arriver le pire de tous. J’essaye de me réveiller mais quelque chose veut me ...
    ... forcer à revivre ce moment.
    
    Je suis au salon, je finis une rédaction en regardant la télévision. Je suis concentré sur ma copie, le son n’est là que pour meubler le silence. Un feu brûle dans la cheminée, il fait bon. Dehors, il fait un froid de canard, l’herbe est couverte de neige, la route gelée. On est en janvier. Mes parents sont sortis faire quelques courses, il est à peine dix-huit heures trente. Je mets un point final à ma rédaction, et je la relis pour vérifier les fautes. Ce n’est pas un chef d’œuvre, mais au moins, c’est fait et j’ai respecté les consignes. Je la range dans mon classeur et je m’accorde un répit en regardant la télévision. Je zappe sans rien trouver d’intéressant. Et c’est là qu’on sonne à la porte. Je vais ouvrir, étonné par cette visite.
    
    -Bonsoir, tu es Loïc ?, demande un gendarme.
    
    -Oui, répondis-je timidement. Il y a un problème ?
    
    -Tu peux mettre tes chaussures et un blouson, et nous suivre ?
    
    J’obéis, je reconnais ces deux gendarmes, ils font souvent des contrôles près de chez moi. Ils me font monter dans leur véhicule, j’ai peur. Ils ont le visage grave, et me jettent de fréquents coups d’œil. Je sens qu’il s’est passé quelque chose. A cause du givre, le véhicule roule doucement, et ça augmente ma panique. Pourquoi mes parents ne sont-ils pas là ? Des larmes coulent sur mes joues, et je renifle. L’un des gendarmes me tend un mouchoir en papier, et je me mouche.
    
    On finit par arriver au commissariat, on monte dans un bureau bien ...