1. JOURNAL DE MA VIE AMOUREUSE (Histoire fictive) - CHAPITRE 3 : Passé


    Datte: 02/01/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Cramache, Source: Hds

    ... et je vais voir la maison. Au contraire du cimetière, je fais mon possible pour ne pas y aller. J’y ai trop de mauvais souvenirs. Pourtant, c’est une belle maison en pierre sur deux étages avec un terrain d’environ mille mètre carrés. J’entre par la porte de devant, en bois avec une vitre polie, directement sur la pièce à vivre brillamment éclairée par la baie vitrée donnant sur le jardin. Les ouvriers ont fait un excellent travail, les murs beiges sont sains et le parquet luisant. Il n’y a plus aucune fissure ni moisissure. La cheminée a été nettoyée et débarrassée de ses traces noires.
    
    Je m’avance vers la cuisine qui a subi un relooking. On a arraché les vieux meubles pour les remplacer par du neuf, dans le même style que les anciens, en bois brun. Le plan de travail est en imitation marbre, et les murs carrelés au-dessus de l’évier en inox. Il manque juste l’électroménager et une table. Il n’y a plus aucune trace de ma vie passée ici. Ça me rend un peu triste, parce que j’ai vécu dans cette maison, et la cuisine a toujours été ma pièce favorite. Ma mère était une excellente cuisinière, et ça sentait toujours bon les gâteaux qui cuisaient dans le four. Je verse quelques larmes sur ce passé, et je monte à l’étage.
    
    Il y a quatre chambres, là-haut, et deux salles de bain, une pour les parents, l’autre pour les enfants. Là aussi, les murs sont beiges avec un parquet qui grince légèrement. Je fonce dans mon ancienne chambre, la dernière du couloir. C’est la plus petite, ...
    ... et je m’y sentais bien, à l’époque. Aujourd’hui, elle est vide, mais quand je dormais dedans, il y avait un petit lit, une commode, une grande étagère pour mes livres et des posters partout. Tout a été vendu ou jeté à leur mort, il n’est resté que la maison que je refusais de vendre jusque-là. C’était mon dernier lien avec mes parents, du moins c’était ce que je croyais.
    
    Je redescends, et je sors dans le jardin. Je note de demander à faire tondre la pelouse et tailler les arbres. Je pourrais le faire moi-même, mais je préfère laisser un professionnel s’en charger, ce sera mieux pour les futurs acquéreurs, et pour moi aussi. Je ne veux pas passer plus de temps que nécessaire en ces lieux. Je fais le tour du terrain clos en me rappelant les visites de mes amis, les repas en été et le potager de mon père. Il n’existe plus, mais je me souviens parfaitement de son emplacement. Ma mère avait prévu de construire une terrasse, et faire poser un store pour ombrager. Elle avait fait faire des devis, et tout. Je rejette ces souvenirs, et je finis ma visite par la cave pour voir la chaudière neuve.
    
    Ces travaux m’ont coûté les yeux de la tête, mais grâce à mon héritage, j’ai pu tout financer. L’argent de la vente de la maison me permettra de compenser largement. Je ferme les volets et la porte d’entrée, et je jette un dernier coup d’œil plein de nostalgie. Je lutte contre ce souvenir qui veut à tout prix remonter à la surface. Je serre les dents et je finis par gagner la bataille, ...
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