1. JOURNAL DE MA VIE AMOUREUSE (Histoire fictive) - CHAPITRE 3 : Passé


    Datte: 02/01/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Cramache, Source: Hds

    -Salut Papa, Maman. Je sais que ça fait longtemps que je ne suis pas venu, j’ai eu beaucoup de travail.
    
    Je m’agenouille et j’arrache les mauvaises herbes. Elles se sont accumulées durant les derniers mois, et je m’en veux d’avoir négligé leur tombe. Je jette les fleurs fanées laissées par des amis, et j’en remets des fraiches que j’ai achetées le matin même. Ensuite, je passe un coup d’éponge sur le marbre, il est plein de poussière. Le soleil tape fort et très vite, je me mets à transpirer. Mon tee-shirt colle à ma peau, et je commence à rougir. Il n’y a pas d’ombre au cimetière, et comme toujours, je me dis que ce ne serait pas du luxe de planter quelques arbres. Je finis mon travail et je vais jeter l’eau et rincer mon éponge. J’en profite pour m’asperger le visage. J’ai oublié de prendre ma bouteille d’eau, tant pis, je vais attendre un peu.
    
    -Ça y est, les travaux sont finis. Je vais mettre la maison en vente. Vous auriez préféré que je la garde, mais c’est trop grand pour moi. J’habite à Montluçon, maintenant, ma vie est là-bas. Je suis heureux, j’ai rencontré quelqu’un. Il s’appelle Sylvain, il a vingt ans. Je l’aime bien, mais il est fragile. J’ai peur de le bousculer, et en même temps, il fait tout pour ça. Bref, je suis un peu perdu. Il s’attache à toute vitesse, c’est un peu de ma faute. Que faire ? Hier, il a fait la tête parce que je lui ai dit que je ne peux pas le voir. Ça me fait mal, parce qu’il a beaucoup souffert et tout. Il joue les mecs sûrs de lui, ...
    ... en fait, il ne sait pas comment agir. Sa seule expérience n’est pas représentative ; c’est comme s’il n’avait jamais rien fait. Je sais pas si j’arriverais encore à résister s’il me chauffe.
    
    Je continue à dérouler ainsi le fil de mes sentiments, oubliant ma soif et la chaleur. Durant mon adolescence, je n’ai pas eu l’occasion d’aller souvent sur leur tombe. Les éducateurs m’y emmenaient dès que possible, pas assez à mon gout. Dès que j’ai eu mon permis et une voiture, grâce à l’héritage que j’ai reçu, je me suis précipité au cimetière et j’ai pris soin de la tombe. J’ai alors juré de revenir toutes les semaines et je l’ai fait, jusqu’à ce que mon travail me submerge. Je sais qu’ils ne m’en veulent pas, ils sont heureux que j’ai une vie bien remplie.
    
    Quand la soif devient trop pressante, je repars. Ma gorge est aussi sèche que le désert, et je me rue sur ma bouteille. L’eau est chaude, mais tant pis. Cela fait un bien fou. Je consulte mon portable, j’ai reçu plusieurs messages, dont un de Sylvain. Il me demande comment je vais, et s’il peut passer. Je regarde l’heure de son message, aïe, il me l’a envoyé pendant que je parlais à mes parents. J’hésite à lui répondre tout de suite, je ne veux pas qu’il se fasse de fausses idées. Dans un autre sens, j’ai peur qu’il pense que je le rejette. Je me demande quelle décision prendre. Le mieux est d’attendre encore un peu, et de m’excuser en lui disant que je n’avais pas mon portable sur moi.
    
    Rassuré par mon choix, je démarre ...
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