1. Sens inverses


    Datte: 21/12/2020, Catégories: fh, hplusag, inconnu, train, hdomine, pénétratio, init, prememois, initfh, occasion, Auteur: Charelle Mondar, Source: Revebebe

    ... peccadilles dont j’allais me séparer. J’avais les paumes des mains posées sur mes cuisses, sur la jupe blanche à fleurs que m’avaient offerte mes cousines. Tout comme le petit chemisier vert en coton, si bien assorti. Je les avais mis pour leur faire plaisir. Avant de les plier sans doute d’ici peu sur une planche de bois. Avec mes sandales spartiates, j’avais une belle allure ! J’avais formellement interdit à ma petite-nièce de me mettre du vernis à ongles rouge sur les orteils. Elle avait dû se contenter d’un vernis transparent, après avoir passé deux heures à me faire une pédicure et une manucure. Je souriais en revoyant la gamine de sept ans jouer à l’esthéticienne.
    
    Alors que mes pensées erraient, mon regard s’arrêta sur le pied d’un homme posé sur le siège face à moi. Je ne pouvais voir à qui il appartenait. Je le trouvais parfait ; excitant. On avait envie de le malaxer, de le toucher. Je m’amusai à imaginer l’heureux propriétaire : le visage de Damien s’imposait inlassablement. Finalement je sombrai dans le sommeil et rêvai de scènes d’amour torrides. À mon réveil le « beau pied » avait disparu. Tout le monde dormait autour de moi. Je me demandais pourquoi j’étais soudain saisie de telles images voluptueuses. Serait-ce à cause du mariage que je devais bientôt célébrer ? Et si je n’étais pas prête ? Si l’on cherchait à m’envoyer des signes ? Je n’avais jamais goûté de véritables plaisirs sensuels et je m’apprêtais à y renoncer à jamais. Était-ce la tentation du ...
    ... péché qui venait me titiller ? Pourtant, la sœur principale l’avait souvent répété aux novices « mieux vaut être une femme aimante, une mère dévouée qu’une mauvaise sœur. Soyez sûre de votre vocation. Vous ne renoncez à rien, vous épousez le Seigneur. Votre âme et votre corps doivent le vouloir ». Je ne savais que faire des images de mon rêve. J’aurais tant aimé recevoir une réponse simple !
    
    Je décidai de me dégourdir les jambes et de me rendre à la voiture-restaurant. Je me levai de mon siège. Dans le compartiment, de jeunes gens s’étaient recouverts d’une couverture, une femme d’une cinquantaine d’années avait son livre ouvert sur ses genoux et les lunettes au bout du nez ; elle sommeillait. On n’entendait que le ronronnement du train rassurant qui berçait les passagers. Je quittai doucement le wagon puis avançai dans le long couloir. En marchant j’étirais longuement les bras, j’inspirais fortement. Je voulais m’imprégner de l’endroit. Me souvenir, vivre intensément ces moments d’éloignement. J’arrivai dans un wagon où les compartiments étaient fermés ; il s’agissait sans doute des chanceux, plus riches que nous, qui dormaient dans des couchettes. Je m’appuyai alors à la fenêtre entrouverte du couloir. Le vent soufflait sur mon visage. Dans la nuit je distinguais à peine les arbres et les maisons qui défilaient à une vitesse vertigineuse. Je souriais devant ce spectacle inhabituel. Je me sentais libre, rayonnante. Seule et heureuse. En face de moi arrivèrent deux jeunes gens ...
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