1. Sens inverses


    Datte: 21/12/2020, Catégories: fh, hplusag, inconnu, train, hdomine, pénétratio, init, prememois, initfh, occasion, Auteur: Charelle Mondar, Source: Revebebe

    ... cette fête mémorable. La maison de mon oncle et de ma tante avait été « secouée » puis ordonnée tant bien que mal à l’annonce de leur retour inopiné. Des bouteilles de bière avaient roulé sous les lits, les plantes avaient ingurgité beaucoup d’alcool, les mégots avaient volé dans le jardin.
    
    — À l’époque, Damien était beaucoup plus boutonneux, avait un appareil dentaire et de grosses lunettes. Laisse tomber, Odile, tu ne peux pas te souvenir de lui, il est méconnaissable. Il est devenu beau comme ça depuis… heu, depuis une ou deux semaines !
    
    C’est vrai qu’il était beau à vous couper le souffle. Grand, bronzé, mince. Presque félin dans sa façon de se déplacer. Gracieux et viril à la fois. En lui faisant la bise je fus toute chavirée. Ma bouche frôla sa peau douce, hâlée, et je me sentis rougir comme une gamine. Heureusement, tous ces sentiments confus s’évaporèrent en un instant lorsque je vis apparaître sa compagne, la belle Line. Ce fut mon cousin Louis qui se retrouva gêné comme un communiant devant la jeune blonde éclatante à la poignée de main directe et cordiale. Ils formaient un couple splendide. Très vite, en découvrant leurs personnalités chaleureuses, j’oubliai leurs beautés peu communes. Nous passâmes de très bonnes soirées. Puis je partis enfin, la gorge serrée, sous les regards attendris et les mains agitées de tous mes proches. Je les avais suppliés de ne pas m’accompagner. Dans la dernière image que j’ai d’eux, ils sont tous regroupés devant la belle ...
    ... maison normande et ils me regardent partir en secouant les bras. Je marche et je me retourne. J’intercepte des baisers que l’on me souffle au creux de la paume, de mes deux mains et de tout mon cœur j’envoie aux miens un dernier baiser, un dernier regard. Je pars remplie d’émotion et d’amour.
    
    Il me fallait me rendre à Valence. J’avais décidé de faire une halte de deux jours à Barcelone, de visiter la ville qu’on m’avait tant recommandée puis de me rendre en train jusqu’au monastère, à quelques kilomètres de Valence.
    
    Je pris comme prévu le train de nuit de Paris - Barcelone. Je n’avais pas réservé de billet-couchette qui coûtait le double. J’avais un gros sac à dos que je posai dans le garde-bagage. Accompagnée d’un bon livre, je pensais m’endormir rapidement, encore imbibée du souvenir chaleureux des adieux familiaux.
    
    J’étais assise, rêveuse, la tête penchée contre la vitre. Elle tremblait doucement au rythme des saccades du train. Je pouvais la tourner et voir mon reflet dans la vitre ; un visage rond, sérieux que je trouvais laid. Une petite couche de boutons qui me pourchassaient depuis l’adolescence, un front très haut et bombé, mes cheveux fins tirés en arrière en une queue de cheval nouée sur le bas de la nuque, des petites lunettes rondes dorées qui renforçaient mon allure austère. Les verres cachaient mes yeux marron très quelconques à mon goût. Je me regardai en pensant que bientôt je ne verrais plus mon reflet quotidiennement dans un miroir. Encore l’une des ...
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