1. Sens inverses


    Datte: 21/12/2020, Catégories: fh, hplusag, inconnu, train, hdomine, pénétratio, init, prememois, initfh, occasion, Auteur: Charelle Mondar, Source: Revebebe

    ... claire conviction que je devais vivre proche de Dieu. Je vivais déjà avec lui depuis des années, mais il me fallut les chants et le cérémonial de cette soirée magique pour me rendre à l’évidence. Je deviendrais sœur. Je n’eus point de brutale apparition, juste une certitude qui s’imposait à moi et me fit sourire de bonheur par sa justesse. Voilà pourquoi je me sentais étrangère à ce monde jusqu’à présent ; je n’avais point mis de mot sur mon désir intense. Soudain tout se mit en place, tout avait un sens. J’allais devenir nonne. Je vivrais en harmonie. Je pourrais mêler mon mutisme à une vie communautaire, religieuse et bienfaisante. J’écoutai le chœur, je regardai les vitraux, les tableaux et les statues de la petite chapelle du village normand de mes grands-parents. Tous semblaient acquiescer avec bénignité. Je sentais irradier en moi leur douce bénédiction. Lorsque j’annonçai à mes parents ma décision, je perçus un voile de tristesse sous leurs paroles compréhensives. Ils exigeaient que j’obtienne mon diplôme avant d’initier quoi que ce soit. Tous les deux, bien qu’issus de familles catholiques, se considéraient comme athées. Je sentais chez eux une déception, une sorte de peur. Ils semblaient ne pas y croire.
    
    Pour ma part, j’étais comblée. Mon avenir m’apparaissait paisible et juste. Je savais quelle communauté rejoindre, une de mes amies de l’université en faisait partie. J’allais devenir novice. Ensuite je suivrais une formation apostolique puis canonique et enfin je ...
    ... deviendrais sœur après avoir prononcé mes vœux de chasteté, pauvreté et obéissance. J’irais de par le monde, là où on aurait besoin de moi. J’avais enfin trouvé ma voie. Tout se passa dans l’évidence et dans l’aisance. Mon chemin semblait tracé, les étapes défilaient. Je ne ressentais ni hésitation ni doute. Jusqu’à ce voyage en train où j’abordai des territoires inconnus bouleversants.
    
    La mère supérieure m’avait annoncé la date de la cérémonie au cours de laquelle je prononcerais mes vœux. Cela se passerait en Espagne où notre congrégation avait une importante communauté. Des femmes du monde entier devaient s’y retrouver. Nous étions en plein été. J’avais deux semaines de vacances afin de me séparer de ma famille. La prochaine fois que je les verrais, je ne m’appellerais plus Odile. Je ne serais plus vraiment la même, engagée par de nobles serments. Je me régalais de ces dernières vacances dans la bâtisse familiale normande. Toute la famille, y compris mon cousin Louis qui me mitrailla de questions sur ma vie future, s’y trouvait. Nous fîmes de grandes randonnées et de mémorables repas. Il y eut beaucoup de fous rires, de bonne humeur et de respect. Je fus troublée à en rougir lorsqu’un beau matin un ami de Louis débarqua à l’improviste.
    
    — Odile, je te présente Damien. Un ami d’enfance. C’est possible que vous vous soyez croisés à la grande boum que j’avais organisée pour mes quatorze ans, vous vous rappelez ?
    
    Nous avons éclaté de rire tous les trois au souvenir de ...
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