1. Histoire des libertines (30) : Mme de Maintenon, pas seulement dévote !


    Datte: 17/12/2020, Catégories: A dormir debout, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... pulsions et son sentiment de culpabilité, soucieux de son salut mais pas décidé à se contraindre, Louis XIV va trouver en la Maintenon « l’alliance rêvée de la religion et du sexe », selon les termes d’Alain Dag’Naud dans « Les Dessous croustillants de l’Histoire de France ».
    
    Toujours aussi sensuelle, n’ayant pas oublié ce que lui avait appris Ninon de Lenclos, Françoise ragaillardit le roi. Elle lui fait l’amour, malgré sa saleté et son haleine fétide ! En fait, le souverain, ayant encore un grand appétit sexuel, n'hésitait pas à consommer le mariage avec sa seconde épouse, au grand déplaisir de celle-ci, qui faisait son devoir conjugal.
    
    La princesse Palatine, belle-sœur du roi grande ennemie de Madame de Maintenon, admet toutefois : « En tout cas, ce qu’il y a de certain, c’est que le roi n’a jamais eu pour aucune maîtresse la passion qu’il a pour celle-ci ».
    
    Le roi penche vite pour un mariage d'inclination avec celle qu'il aime et qui est appelée par les courtisans « Madame de maintenant ».
    
    Son ministre Louvois tente en vain de l’en dissuader : « Votre majesté songe-t-elle bien à ce qu’elle me dit ? Le plus grand roi du monde, couvert de gloire, épouser la Veuve Scarron ! »
    
    C’est pourtant bien ce qui se fera, mais le mariage sera secret. Avec le soutien actif de l'Église de France, Françoise d'Aubigné, veuve Scarron, âgée de près de quarante-huit ans, épouse secrètement, dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, le roi de France et de Navarre.
    
    Le roi passe ...
    ... une grande partie de son temps dans les appartements de sa femme et, lorsque Madame de Maintenon se déplace en chaise à porteurs, les princesses doivent suivre immédiatement derrière !
    
    Mme de Maintenon fait planer sur la cour à la fin du règne de Louis XIV une ère de dévotion et d'austérité. On lui prête une grande influence sur le roi et sur la Cour, notamment concernant la décision ayant conduit à la révocation, en 1685, de l’édit de Nantes, qui provoqua l’exode d'une grande partie des protestants, ou l’incitation au déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne en 1701.
    
    Michelet va le plus loin, qui fait d'elle le docile soldat de l'Eglise, jeté par celle-ci dans le lit du roi, en échange de la révocation !
    
    Aucun historien sérieux ne soutient aujourd'hui une telle thèse. On sait que cette faute majeure du règne incombe surtout au chancelier Le Tellier et qu'elle est l'aboutissement d'une longue entreprise d'étouffement des huguenots, à laquelle ont participé l'Eglise de France, les ordres religieux, les états provinciaux, tous les corps constitués, avec l'approbation de l'immense majorité de la population. Si Françoise d'Aubigné a cherché à ramener à Dieu le roi, ce n'est pas pour autant qu'elle a désiré la persécution des protestants.
    
    UN STATUT ET UN ROLE AMBIGUS
    
    Mme de Maintenon avait un statut ambigu : simple mondaine en public, reine en privé, mais aussi collaboratrice, belle-mère et belle-grand-mère.
    
    Ce fut source pour elle d'une grande tension ...
«12...4567»