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Histoire des libertines (30) : Mme de Maintenon, pas seulement dévote !
Datte: 17/12/2020, Catégories: A dormir debout, Auteur: Olga T, Source: Hds
Certains vont se demander ce que fait dans cette rubrique la pieuse Mme de Maintenon, née Françoise d’Aubigné (1635-1719), veuve du poète Scarron et épouse morganatique de Louis XIV ! Certes, elle fût, avant d’être épousée secrètement, la maîtresse du roi et la rivale de la Marquise de Montespan. Ce n’est pas seulement à ce titre que Françoise figure dans cette série sur les grandes libertines, mais au titre d’une jeunesse bien tumultueuse. Le destin de Françoise a quelque chose de déconcertant et d'irréel, qui fascine toujours l'historien. A une époque où le rang et la richesse scellaient le sort des individus, comment expliquer sa fulgurante ascension ? Est-elle due à un concours de hasards étonnants ou à l'étourdissante habileté d'une femme qui aurait su mieux que d'autres mener sa barque ? UN FORMIDABLE DESTIN Rien ne destinait Françoise à être la compagne du roi. Elle est la petite-fille du farouche Agrippa d'Aubigné et fille de Constant, aventurier douteux, emprisonné pour dettes, qui a assassiné sa première épouse et son amant en 1619, puis a rapidement dépensé la dot de la deuxième, et qui plus est, fut soupçonné d'intelligence avec les Anglais ! Elle passe ses premières années à la Martinique. Ce séjour de six ans lui vaudra le surnom de « Belle Indienne ». De retour en France en 1647, orpheline, elle est envoyée par sa marraine Mme de Neuillant chez les Ursulines, où, grâce à la douceur et l'affection d'une religieuse, sœur Céleste, la jeune fille ...
... renonce définitivement au calvinisme, condition indispensable pour pouvoir accompagner Mme de Neuillant dans les salons parisiens. C'est à l'une de ces réunions mondaines qu'elle rencontre le chevalier de Méré qui se prend d'affection pour celle qu'il nomme « la belle Indienne » et s'offre de l'instruire convenablement. Avant que Françoise ne devienne l’épouse de Scarron, on lui prête six amants (Pierre Lunel, « Polissonnes » Editions du Rocher 2016). L’un d’entre eux fut Fadio Lamorinière, 20 ans, étudiant, fils d’un marchand de Nantes. Il loue une chambre dans l’immeuble où vit alors Françoise, lui fait croire qu’il est riche et réussit à la séduire avant de la quitter. SCARRON LE MENTOR Quatre ans après son retour en France, en avril 1652, à l'âge de seize ans, Françoise d'Aubigné, sans le sou mais jolie, épouse le poète burlesque Paul Scarron, de vingt-cinq ans son aîné et gravement handicapé. Le salon de ce lettré amateur de fêtes et ami de nombreux artistes est fréquenté par les plus prestigieux noms de la capitale, par exemple le maréchal d'Albret, le marquis de Villarceaux, l'abbé de Choisy. La nouvelle madame Scarron était alors à cette époque, une beauté. Elle avait une taille bien prise, un visage d’un ovale parfait, doux, soyeux et admirablement bien dessiné, le nez aquilin, la bouche bien taillée, les cheveux châtains clairs et surtout les plus beaux yeux du monde (elles étaient de couleur noire, brillants et pleins de feu). Françoise est la reine du ...