1. Philosophie du plaisir (4) : Charles Fourier et le rôle de la femme dans le phalanstère.


    Datte: 16/12/2020, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... ressort principal, de tous les travaux et de l’attraction universelle. »
    
    Pour transformer cette vision en réalité, il faut un nouveau corpus de lois et d’institutions à même de favoriser la plus grande diversité dans les modes de jouissance, comme à tisser l’impulsion érotique dans la trame de la vie collective. Parmi les institutions imaginées par Fourier figurait l’établissement d’une Cour d’Amour, qui serait régie par une hiérarchie complexe : pontifes, chefs de sacerdoce, Haute Matrone, confesseurs, fées, génies et fakirs. À la fois corps judiciaire et institution récréative, cette cour d’amour se réunirait chaque soir, une fois les enfants et les chastes vestales partis se coucher. Elle serait présidée par « une » pontife, toujours une dame d’âge canonique et forte experte en intrigue amoureuse. Il lui reviendrait d’organiser divertissements et bacchanales pour toute la Phalange.
    
    Fourier prévoyait trois conditions pour la réalisation de son utopie amoureuse :
    
    • Tout d’abord la pleine émancipation de la femme : sur ce point, il n’avait rien à ajouter aux arguments développés dans les Quatre mouvements.
    
    • Deuxième condition : reconnaître l’immense diversité des penchants en matière sexuelle. Si l’homme civilisé avait lamentablement échoué à définir un « régime amoureux » tolérable, c’était pour s’être figuré que tous les hommes et femmes sont identiques dans leurs penchants et affinités. Croire une telle chose était pour Fourier une forme de « jacobinisme ...
    ... érotique », encore aggravé par le corollaire que seul le couple hétérosexuel pratique une sexualité « naturelle ». Forcer tout le monde à entrer dans le même carcan ne pouvait qu’engendrer douleur et frustration. Ainsi l’organisation du Nouveau Monde Amoureux permettrait l’assouvissement de maints désirs que la civilisation condamnait. Lesbiennes, sodomites, fétichistes, flagellants, tous ont leur place dans la description que Fourier fait de la vie amoureuse en Harmonie. Bien plus, les grades supérieurs de la hiérarchie érotique imaginée par Fourier ne sont accessibles qu’aux individus animés d’une attraction passionnée pour l’un et l’autre sexe.
    
    • La troisième condition pour la réalisation de l’utopie amoureuse est l’octroi à chacun et chacune d’un minimum de jouissance sexuelle. Quel que soit son âge et si bizarres que soient ses penchants, aucun individu ne serait totalement frustré. Ce serait en matière de sexualité l’équivalent du salaire minimum pour le travail. Le travail ne devient un instrument de liberté pour le genre humain que lorsqu’on est libéré de l’obligation de gagner sa vie. De même, l’amour ne jouera son rôle libérateur d’extension de lien social que lorsqu’il pourra s’exprimer en dehors de toute entrave.
    
    Charles Fourier avait imaginé que chaque membre avait des rapports extraconjugaux avec une ou plusieurs personnes à la fois et ce d’une longueur variable : un soir, quelques semaines, voire plusieurs années. Ils pouvaient aussi se livrer à des orgies ...
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