1. 0207 Après l’amour et les câlins.


    Datte: 13/12/2020, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... troublant. Et en plus le gars a un bon accent du coin, ce qui rajoute du craquant au charme.
    
    « Toujours au taf ? » se moque Jérém.
    
    « M’en parle pas… depuis que je livre en grande surface, je n’arrête plus… ».
    
    « Ça se passe bien ? ».
    
    « Travailler avec la grande distri, c’est un calvaire… ».
    
    « Pourquoi, ça ? ».
    
    « Parce qu’ils ont des voyous au service achat qui passent leur temps à étudier comment grapiller le moindre centime, comment retarder les paiements… ».
    
    « Et tu ne peux gueuler un bon coup ? ».
    
    « Gueuler, c’est se faire déréférencer, disparaître des rayons du jour au lendemain… ».
    
    « Pas simple tout ça… ».
    
    « Bon, même si le rapport de force est déséquilibré, j’arrive quand-même à écouler une bonne partie des yaourts et des fromages avec mon étiquette à moi… c’est un marché de niche sur des produits de qualité, ce qui me met en partie à l’abri de leurs promos à la con… ».
    
    « Toujours le prix le plus bas… ».
    
    « Le prix le plus bas ne veut rien dire… en général, derrière un prix bas, il y a un producteur ou une filière entière qui souffre… il faudrait un prix juste, et un prix juste est celui qui garantit un partage équitable de la valeur ajoutée du produit du producteur au détaillant… quand il y a des promos, la plupart du temps c’est le producteur qui assume le coût de la promo et la grande surface qui se fait mousser… bon assez parlé du taf… vous restez pour l’apéro ? ».
    
    « Non, c’est sympa mais on va te laisser bosser… en revanche, ...
    ... s’il te reste du fromage… Nico a trouvé qu’il est à tomber… ».
    
    « Venez avec moi… ».
    
    Le bomâle barbu nous fait visiter la cave d’affinage. Dès qu’il ouvre la porte, je suis percuté de plein fouet par un intense bouquet d’odeurs de moisissures nobles, d’arômes ronds, onctueux : un bouquet entêtant de fromage en train de reposer et de bien vieillir.
    
    De centaines de petites meules à la croûte grise-marron sont disposées, rangées au cordeau, sur des lattes en bois fixées sur des étalages : cette pièce respire la rigueur, l’amour pour le travail bien fait, le produit de qualité, une qualité qui découle avant tout de la passion pour le métier.
    
    « C’est vraiment bien ce que vous avez fait, cette cave est magnifique… ».
    
    « Merci… la transformation de la cave m’a donné beaucoup de travail, mais j’en suis content… ».
    
    « Tu peux, mon pote… » fait Jérém, et tapotant affectueusement l’épaule du gars.
    
    « Je suis sûr qu’un jour tu feras la même chose avec la cave viticole de ton père… ».
    
    « Non, je ne crois pas… nous ne nous parlons même plus… ».
    
    « Amuse-toi à Paris, autant que tu peux… mais je pense qu’un jour t’auras envie de rentrer chez toi… ».
    
    « Ça m’étonnerait vraiment… je pense qu’il y a plus de chances que ce soit Maxime qui reprenne… ».
    
    « Celui-ci il a deux mois… » enchaîne le bobarbu, tout en saisissant une tomme « c’est mon produit phare, il a un goût de noisette très prononcé, ça se mange sans faim… » ; puis, en nous indiquant l’étagère juste à côté, il ...
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