1. Le disque de Ruellan


    Datte: 06/12/2020, Catégories: sf, Auteur: Claire Obscure, Source: Revebebe

    ... je dors seule, sans les bras de Val ? Les yeux humides, la chatte sèche, je finis par m’endormir.
    
    Le pied ! Grasse matinée ; des draps propres, un appartement spacieux, lumineux et doté de tout le confort moderne. Ah oui, le contact – et surtout l’Oligarque – connaissent leur affaire.
    
    Mes papiers indiquent que je viens pour préparer les vacances bien méritées de mon mari qui est resté sur EDEN-7. On a changé mon nom, ma puce ; j’ai même le droit de vote (mais interdiction de m’en servir sans l’autorisation de mon mari invisible).
    
    Hier, j’ai pu étudier la mode féminine d’EDEN-3, ou l’art de contourner la loi. La robe longue, très années 50 pour la coupe, est la norme. Épaules et bras nus, décolleté sage et carré de préférence, le plus souvent au ras du cou tout de même. L’astuce, ce sont les nouveaux tissus, parfaitement opaques de face et parfaitement opaques également aux CAFTEURS. Par contre, de côté, pour un œil humain, la lumière passe sans être arrêtée. Le tout à un prix défiant toute concurrence : il n’y a pas plus cher au décimètre.
    
    C’est à qui, par des savants mélanges de tissus, montrera un bout de jambe, un décolleté plus profond, pourquoi pas un nombril…
    
    Étape 2 : me souvenir des cours de couture de Chloé. La machine m’attend, ainsi que des mètres de tissus polarisés. J’ai carte blanche et carte bleue.
    
    Je sélectionne un joli bleu, prépare un patron sur un modèle classique trouvé le net. On va commencer en douceur. Je passe la journée à faire une ...
    ... première ébauche dans des tissus normaux. Le soir, satisfaite du résultat, j’intègre le tissu polarisé. Comme il n’est pas convenable pour une femme seule de dîner au restaurant, je me fais livrer. J’espérais un humain pour tester ma robe, mais c’est un drone qui m’apporte le repas par la baie vitrée.
    
    Première sortie dans ma nouvelle tenue. C’est si bon d’être de nouveau habillée comme une femme ! Pour l’instant, j’ai sagement mis shorty de coton et brassière écrase-seins, dans le plus pur respect de la loi. Je déambule dans la zone marchande, m’arrêtant particulièrement dans les boutiques suspectées d’activités illégales par l’Oligarque. Je ne constate rien de répréhensible pendant les premières heures. Il m’est difficile de percevoir les regards sur les zones révélés par la polarisation ; forcément, les personnes ne doivent pas être en face de moi pour en profiter. Et puis, quelle audace de montrer ma jambe jusqu’en haut de la cuisse, à la limite du shorty…
    
    Je me concentre sur les autres femmes qui viennent dans ces mêmes lieux. Les tenues sont tout à fait correctes : longueurs réglementaires, transparences non significativement plus osées qu’ailleurs. Choux blanc. Que de temps perdu !
    
    Il me reste une boîte à visiter :Chez Rudy, le roi du plasma.« Bon sang, le mauvais goût survit à tout… » Les étiquettes de prix me font tourner la tête ; et tout ça pour regarder des pages de pubs insipides et des films certes violents, mais complètement aseptisés sexuellement et ...
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