Le disque de Ruellan
Datte: 06/12/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Claire Obscure, Source: Revebebe
... avertissement de la journée ; amende de 50 euros…
Et merde, les CAFTEURS sont arrivés dans le quartier. Je passe devant le type du troisième sans rien dire de plus ; la fin du mois sera difficile. Grave erreur de ma part, je ne le surveillais plus, toute à mes pensées. À peine entrée dans l’immeuble, je reçois un coup sur le crâne ; il me plaque face contre les boîtes aux lettres, son haleine fétide contre ma joue, son braquemart ridicule contre mes fesses. Il m’a déjà bloqué un bras dans le dos et son autre main tient ma nuque ; mon œil est dangereusement proche d’une serrure bousillée. Je ne peux plus bouger.
— Bouge pas et dis rien, salope, murmure-t-il, ou je te brise le cou.
Son ventre coince mon bras. Sa main libérée soulève mon manteau ; il cherche ma ceinture, il va tomber sur mon flingue. Je détends mes muscles, deviens molle sous son corps. Il relâche juste un peu la pression ; j’en profite pour arracher ma tête du métal. Il tente de reprendre le contrôle, mais j’ai pu faire un quart de tour, libérer un bras, frapper bas, frapper fort son ventre, ses reins. Il recule, je le démolis. Violence quotidienne en zone ordonnée : interdiction d’embrasser son amoureuse quand on est une femme, permission de violer pour les hommes. C’est sûr, on a enrayé la décadence des années 10.
Je laisse le type gémir au sol et je monte m’enfermer dans mon studio miteux. Comment vais-je réussir la mission ? Je n’ai pourtant pas le choix. C’est ça ou la trouillotine. Je n’ai ...
... plus un seul désir, je n’ai plus d’envies ; il va falloir que je retrouve ce monde enfoui, détruit par les politiques de libération et d’harmonie du début des années 20. Détruit par ces salauds qui ont tué Chloé, ma Chloé, notre Chloé. La première victime de la trouillotine. Un exemple pour la moralité. Je revois la pauvre petite Claire et son père, contraints de regarder l’exécution publique.« Et il faut que je bosse pour ces gens-là ! C’est ça, ou ils font la même chose à Val, si loin de moi. »
Mon boulot n’a plus rien à voir avec celui pour lequel je m’étais engagée dans le Groupe. Plus rien à voir, ou bien j’étais trop naïve politiquement pour voir ce qu’il deviendrait forcément. Maintenant, ils me tiennent par les deux bouts : démariée, amie et fornicatrice avec la première trouillotée ; non, ma peau ne vaut plus grand chose.
Je suis comme ça, prostrée, les clefs à la main, devant la porte de mon studio. Depuis combien de temps ? Plusieurs minutes, au moins. Il fait nuit. Tout est calme. Non, personne n’ose plus bouger la nuit tombée.« Je vais la faire, leur mission ; je vais leur montrer. Oui, ils ont pris la meilleure. L’Oligarque veut faire tomber quelques-uns de ses petits copains ? Il va pas le regretter. Oh, non… Pas dans un premier temps. »
Première étape : se déshabiller. Non, il n’y a pas de CAFTEUR à l’étage ; j’enlève mon manteau, la lourde chemise en dessous. Pas de soutif : interdiction L73-2 du 3 juillet 2024. Juste une sorte de brassière qui écrase ...