Le disque de Ruellan
Datte: 06/12/2020,
Catégories:
sf,
Auteur: Claire Obscure, Source: Revebebe
... machine débiter son baratin mille fois entendu. Heureusement, ils nous ont pas encore installé le coquillage d’analyse faciale et de traitement des émotions utiles et reconnues.
— Bref. Claire, j’ai reçu des ordres. D’en haut, vraiment haut.
— Pas… le ministre quand même ?
— Non, plus haut encore.
— Le premier ministre ? La présidente ?
Nouvelles dénégations.« Oh putain, plus haut… et plus sur le côté, surtout. Directement l’Oligarque ! » Mais qu’est-ce que l’Oligarque peut bien vouloir au GCJ ? Nous, on arrête les petits délinquants, les criminels des zones pauvres – pardon : des Zones d’Occupation Ordonnée. Le seul problème de l’Oligarque, c’est que les Enclaves Démocratiques à Économie Normalisée restent en paix et ne soient pas dérangées par les occupants des ZOO, limite ne soient même plus au courant de leur existence. Enfin, il faut bien du petit personnel.
— Claire, l’Oligarque est au courant de votre passé… sulfureux. Moi, je m’en fous, vous le savez bien.
— Euh… vous étiez au courant ?
— Oui. Même avant les puces RFID-2, nous étions déjà tous très bien surveillés, vous savez… Il y a une vidéo. Dans un magasin de lingerie, une cabine d’essayage. Avec une autre femme.
D’accord, je suis morte. Je le sais pas encore, mais je suis morte. Merde, ça ne leur a pas suffi d’annulerab initio tous les mariages de personnes du même sexe, de nous faire passer à la reconditionneuse (sans succès sur moi, et je les emmerde), de nous interdire de nous aimer ? Ils ...
... sont allés chercher la merde douze ans en arrière. Je pense aussitôt à Val : elle aussi va payer.
— Une « chance » pour vous, l’autre femme est décédée il y a quatre ans.
Mon cœur loupe un battement.« Chloé ! C’était avec Chloé… » Je retiens à grand-peine une larme.
Petit-Colin continue, faisant semblant de ne rien voir :
— L’Oligarque, compte tenu de vos brillants états de service, vous laisse une occasion de… vous racheter, et il passera l’éponge.
— Je dois faire quoi, chef ?
Il me détaille la mission.
— Oh, putain…
— Premier avertissement du jour, Mademoiselle Finster ; amende de 20 euros. Article R403 du Code de procédure pénale et du respect des libertés et des consciences : grossièretés et vulgarités sont interdites. Passez une bonne journée.
Je rentre sous la pluie, chaude, qui m’économisera une douche sur le palier. Je rumine la journée. Le pot de départ avec les collègues, à qui il a fallu mentir ; quoique pas tout fait : la version officielle, c’est que j’ai déconné étant jeune. Pas grand-chose, mais suffisamment pour se faire sanctionner. Officiellement, congé sans solde. Officieusement, j’émarge toujours au budget du ministère, tant que je foire pas la mission.
— Salut, Finster ; t’as une petite gâterie pour moi ?
« Tiens, le con du troisième ; il croit toujours qu’un jour il me mettra dans son pieu et que je bosse dans un bureau. »
— Mais oui, mon grand : la voici, lui dis-je avec un doigt d’honneur.
— Mademoiselle Finster, deuxième ...