Portrait volé
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
forêt,
campagne,
amour,
soubrette,
jalousie,
dispute,
pénétratio,
jeu,
mélo,
portrait,
historique,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... solitaire qu’austère, je sais trop bien qu’elle se consume dès qu’elle aperçoit le comte. Et si elle presse le pas pour ne pas avoir à le saluer, je peux vous assurer qu’il s’en faudrait de très peu pour qu’elle succombe…
Pierre de Giscours écoutait ce discours avec amusement. Sa jolie Solange semblait aussi instruite des secrets de la comtesse qu’il l’était des sentiments amoureux du comte.
— Vous a-t-elle fait des confidences à son sujet ? interrogea Pierre.
— Pas vraiment. Élise prend toujours soin de clore toute discussion sur monsieur de Saillant ou sur un sujet ayant trait à ses ressentis personnels. Mais le ton de sa voix lorsqu’elle prononce son nom en ma présence, la fébrilité qui la saisit lorsqu’elle le croise, celle qui était la sienne dès lors que ses entretiens avec lui avaient été troublants ou orageux, tout me laisse à penser qu’elle lutte depuis des mois contre elle-même et contre l’amour qu’elle éprouve pour lui.
— Mais alors… pourquoi vouloir l’obliger à chasser celui qu’elle aime ? Et pourquoi risquer de me faire chasser avec lui ? Car c’est ce qu’elle fera aussitôt qu’elle aura le portrait entre les mains.
— Je l’obligerai à demander des explications au comte. Je lui dirai qu’avant de décider quoi que ce soit sous l’impulsion de la colère, elle doit savoir comment il est entré en possession de la miniature.
Pierre contempla la jeune femme d’un air dubitatif :
— Je crains que votre stratégie échoue, ma douce. Car la comtesse voudra ...
... m’interroger plutôt que lui. Si, comme vous le dites, elle craint sa présence, il lui apparaîtra plus commode d’interroger son intendant, moi en l’occurrence.
— Je l’en dissuaderai, répondit Solange avec force. Je lui dirai qu’en vous convoquant, elle s’exposera à la révélation d’un secret bien gardé et qui pourrait la mettre en cause publiquement.
Impressionné autant qu’amusé par l’à-propos de la jeune fille, Pierre de Giscours ironisa :
— Me voici affublé d’un talent de concierge. Mais trêve de plaisanterie, n’est-ce pas prendre un gros risque que de mentir ainsi ? Celui de nous séparer pour toujours ? Car en admettant cette éventualité, la comtesse voudra m’éloigner du château.
— Si véritablement vous m’aimez, Monsieur l’Intendant, je ne crois pas que nous risquons grand-chose. Le comte a besoin de vous ici pour régler ses affaires. Il vous a formé. Même sur ordre de la comtesse, il ne vous chassera pas. Par contre, si la comtesse persistait à vous convoquer malgré mes préventions, cela voudrait dire que je me suis trompée et que le lien amoureux qu’elle éprouve n’a pas le comte pour objet mais vous seul. Auquel cas, je n’aurai pas à me délier d’un engagement quelconque et je pourrai quitter le service de la comtesse sans risquer de me compromettre.
Mais si vraiment la comtesse et vous n’avez aucun tendre commerce, elle suivra promptement mes avis et ira demander raison à votre maître plutôt qu’à vous. Et j’ose croire que le comte saura se montrer plus persuasif auprès ...