1. Portrait volé


    Datte: 04/12/2020, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique, Auteur: Musea, Source: Revebebe

    ... venait de repousser l’intendant et se penchait vers le dallage de la serre où un éclat doré avait attiré son attention. Et s’agenouillant au pied de son amant, elle saisit un petit portrait miniature dont le visage lui était particulièrement familier. Et se relevant brusquement, elle toisa Pierre avec hauteur :
    
    — Comment pouvez-vous me parler d’amour avec ceci dans votre poche ?
    — Quoi ? Mais vous rêvez !
    — Et ce portrait ? Est-ce un rêve ou bien le fantôme de Madame qui vient de glisser de votre gilet ?
    
    Et elle lui tendit la miniature.
    
    Pierre s’en saisit et fixa son regard sur le visage féminin aux grands yeux bruns qu’il connaissait bien. À sa vue, il sourit tristement. Il revoyait dans une sorte de flou l’expression passionnée du comte de Saillant devant ce même portrait, le désir fou qui inondait le visage de son maître lorsqu’enfin il se croyait seul avec la miniature ou encore avec le grand portrait qu’il dissimulait le jour derrière un rideau.
    
    Solange se méprit sur ce sourire. Et lorsque Pierre croisa à nouveau son regard, elle le gifla à toute volée.
    
    Il encaissa la gifle sans protester mais saisit d’une poigne ferme la main de la jeune femme avant qu’elle ne s’enfuie. Les yeux verts de la belle camériste étaient remplis de larmes de rage. Comment avait-elle pu faire confiance à cet homme ? Il était comme les autres… aussi galant et aussi fourbe.
    
    Et dire qu’elle croyait Élise éprise du comte ! Comment avait-elle pu se méprendre ainsi ?
    
    Son cœur ...
    ... cognait comme un tambour dans sa poitrine. Et les larmes roulaient sur ses joues en torrent. Vite, qu’elle s’échappe de cet endroit maudit !
    
    Mais Pierre n’avait pas l’intention de la laisser partir. Il tordit le bras de Solange et l’attira de nouveau à lui.
    
    Et plantant son regard brun dans les beaux yeux verts de la jeune femme, il rétorqua :
    
    — Cette miniature n’est pas à moi. Elle appartient, et depuis fort longtemps, à François de Saillant. Elle aura glissé sans doute de sa veste hier soir lorsque nous avons déplacé les grandes corbeilles de jasmin. Ce qui explique que vous ayez buté sur elle il y a quelques minutes.
    — Quoi ? Que dites-vous ?
    — Je vous répète que ce joli portrait n’est pas à moi mais à mon maître qui lui voue une dévotion plus que passionnée. Et je peux vous jurer sur ma tête qu’il en est le propriétaire.
    — Et qu’est-ce qui vous permet d’avancer une telle affirmation ?
    
    Pierre hésita un instant. Lorsqu’il avait surpris le comte dans la contemplation amoureuse du portrait d’Élise de Beauregard, ce dernier lui avait fait jurer de ne jamais rien révéler de ce qu’il avait vu, sous peine d’être chassé de son service. Pierre avait promis parce qu’à l’époque, il lui importait avant tout de garder sa place. Il se plaisait dans la région et ses responsabilités n’avaient cessé d’augmenter au même rythme que ses gages.
    
    Mais à présent qu’il avait trouvé l’amour et qu’il comptait bien l’épouser, le secret de son maître devenait moins primordial. Et puis… ...
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