Portrait volé
Datte: 04/12/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
jeunes,
forêt,
campagne,
amour,
soubrette,
jalousie,
dispute,
pénétratio,
jeu,
mélo,
portrait,
historique,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... taverne de Bielle ? Au vu et au su de tous les habitants, qui plus est…
— Pour l’avoir vu sortir aux aurores avec un visage aussi torturé qu’au lendemain d’une catastrophe, je doute qu’il y ait pris du plaisir…
— Il doit pourtant y trouver de l’intérêt. Suffisamment pour s’y adonner régulièrement et boire plus que de raison.
— Croyez-moi ou pas, ces excès ne sont que des moments d’oubli de son chagrin. Le comte est d’une sensibilité aigüe et il souffre de votre éloignement et de votre cruauté, autant que dans le passé il souffrit de la mort de son épouse.
— Vous l’a-t-il dit ?
— Il est bien trop fier pour me l’avoir confié, mais je le tiens de la baronne de Crécy elle-même. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait plus rien pour lui… et qu’il ne cessait de parler de vous lorsqu’il lui rendait visite ou qu’elle venait le voir ici.
— Si même la maîtresse du comte se met aux ragots…
— Madame…
— Il suffit, Berthe ! J’en ai assez de cette conversation. Je suis fatiguée.
— Buvez donc votre tisane et mangez… Vous irez mieux après.
Élise baissa la tête et ferma les yeux pendant que Berthe versait l’infusion brûlante et déposait deux tuiles aux amandes sur une soucoupe.
Elle se sentait usée. Cette conversation, plus encore que celle avec Solange, avait mis à vif ses nerfs déjà passablement éprouvés par la fatigue et le stress du deuil. Une lutte se faisait jour en elle entre ses désirs profonds et la fidélité de raison qu’elle s’imposait comme conduite absolue. Et elle n’était ...
... pas sûre de gagner. Le fait que la cuisinière lui ait révélé que tout le monde connaissait l’amour du comte pour elle lui faisait entrevoir à quel point elle était fragile dans sa résolution de le maintenir à distance. Mais elle devait le faire, elle en était certaine. Elle ne voulait plus souffrir, jamais plus !
Elle serra les poings et crispa les paupières.
Finalement, elle se demandait si une dernière dispute ne pousserait pas le comte à partir plus tôt de Beauregard… Et en ce cas, pourquoi ne pas aller lui demander raison du portrait ?
Elle avala une gorgée d’infusion, trempa les biscuits dans sa tasse avant de les croquer, rêva un moment à la façon d’aborder le comte puis, repoussant l’assiette de gâteaux que la cuisinière lui tendait, elle se leva et prit congé rapidement.
Berthe, le regard soucieux, la regarda partir.
Elle ne regrettait pas d’avoir enfin dit à Élise le fond de sa pensée mais elle craignait que la jeune femme, dans l’état où elle était, ne commette une folie.
--oOo--
Lorsqu’Élise arriva à la grande serre, Pierre aidait les jardiniers à déplacer deux citronniers chétifs dans l’enclos tropical. Lorsqu’il aperçut Élise, il la salua respectueusement et s’enquit des raisons de sa présence.
— Je souhaiterais voir le comte quelques minutes, répondit-elle.
Embarrassé, l’intendant répondit :
— C’est-à-dire, Madame, que… je crains que ce ne soit pas possible. Monsieur est dans son bureau en train de travailler et il m’a dit qu’il ne ...