1. Vengeance funeste


    Datte: 02/12/2020, Catégories: fh, extracon, vengeance, pénétratio, confession, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    Elle espérait quoi, Yvonne ?
    
    Que cette femme qui l’avait mise au monde serait prise d’une envie subite de la voir ? Qu’elle aurait pu se blottir dans ses bras pendant qu’elle lui demanderait pardon ? Qu’elle ferait la connaissance de ses frères et sœurs ? Que sa mère regrettait son abandon ?
    
    Elle n’espérait rien. Elle voulait savoir, quitte à se faire du mal. Le pire des maux, c’est l’absence de savoir, le doute.
    
    Yvonne, l’année de ses vingt et un ans, a tout fait pour retrouver sa mère. C’est dans les dossiers de l’aide sociale à l’enfance qu’elle a su qui elle était. Fille d’Adèle, dix-huit ans à l’époque, ouvrière dans une armurerie, qui aussitôt sa petite mise au monde était partie sans laisser d’adresse. Dans le dossier, elle a trouvé une note manuscrite d’un officier de gendarmerie qui, à la demande du préfet, était allé rendre visite à sa mère et avait noté :
    
    Yvonne est allée fouiller aux archives de la ville de Paris pour y sonder les recensements de l’époque, et a fini par localiser l’employeur. Il y avait quatre personnes dans le logement. M. Formento Alfred, chef de famille. Formento Louise, femme du chef. Formento Noémie, leur fille. Françoise J., bonne.
    
    Elle a mis des mois pour exploiter les minces indices qu’elle trouvait. Des Formento aux Griaud, puis des Griaud à une usine de chaussures vers Nancy. Enfin, elle a localisé sa mère qui était mariée et mère de deux enfants, dans une petite rue proche de la place Stanislas à Nancy. Elle avait ...
    ... visiblement épousé un contremaître de l’usine qui l‘employait.
    
    Yvonne est passée dans leur rue de nombreuses fois, essayant de rester discrète, jusqu’à enfin apercevoir cette femme qui devait être sa mère. Elle poussait un landau à grandes roues, aidée d’une petite fille qui faisait mine de pousser, elle aussi, cette voiture qui devait contenir son petit frère.
    
    Yvonne a été submergée par des sentiments contradictoires. Un bonheur immense, doublé d’une mélancolie encore plus grande. Cette femme semblait au moins aussi heureuse qu’elle-même était malheureuse. Elle respirait le bonheur, l’amour, la joie, alors qu’elle, petite et malingre, ne s’était jamais reposée dans les bras de quelqu’un qui l’aurait aimée.
    
    Sa colère était grande, mais elle s’est éclipsée. Elle a préféré écrire, pour prendre le temps de raconter sa vie, et demander à celle qui l’avait mise au monde d’enfin lui expliquer pourquoi. Elle espérait que cette femme avait des regrets, et qu’après avoir ouvert sa lettre, elle s’empresserait de lui ouvrir ses bras, son foyer et son cœur.
    
    Yvonne savait sans doute en ouvrant cette lettre qu’elle ne contenait pas ce qu’elle en attendait. Elle s’y était préparée, mais continuait d’espérer, un peu.
    
    Elle s’est assise, froide, démolie, anéantie.
    
    Yvonne ne voulait plus penser. Elle aurait voulu que son cerveau oublie tout, qu’il la laisse en paix. Mais l’image de Françoise et de ses enfants, dans la rue, revenait en boucle. Sans doute son mari ne savait-il pas ...
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