1. Quand on touche le fond


    Datte: 21/11/2020, Catégories: fh, amour, cérébral, consoler, Auteur: Laetitia, Source: Revebebe

    ... sa famille.
    — Je sais, mais vous connaissez les procédures.
    — Regardez au moins, si vous avez quelque chose.
    — D’accord, ça je peux le faire.
    — Merci mon vieux.
    — Oui, votre type on le connaît.
    — Ah, vous voyez bien que je n’invente pas !
    — Il s’est présenté chez nous aux urgences il y a deux mois. Entorse bénigne. On l’a bandé, on lui a donné des antidouleurs et c’est tout.
    — Je vous propose quelque chose. Et si vous me rappeliez, vous pourriez vous assurer que je suis bien celui que je prétends être et vous pourriez me donner son adresse, sans qu’on perde des semaines en faisant un courrier.
    — Allez d’accord, je vous rappelle, mais ça reste entre nous.
    — Promis ! Je suis le Docteur Marchand, Philippe Marchand à Sainte-Anne, urgences psychiatriques. Voilà mon numéro, vous tomberez directement sur mon secrétariat.
    
    Jérôme avait tout prévu. Il avait fait appel à une amie qui allait se faire passer pour sa secrétaire et qui lui passerait le prétendu docteur Marchand sur l’autre poste du bureau :
    
    — Hôpital Sainte-Anne, secrétariat du docteur Marchand bonjour ! Oui ! Ne quittez pas, je vous le passe ! Docteur c’est pour vous, La Rochelle !
    
    ********************
    
    Un petit immeuble en briques rouges de quelques étages, c’était là. Un digicode, mais la porte cochère était ouverte. Son nom sur la boîte aux lettres, 1er étage droite.
    
    Alice est montée, et a sonné. Personne. Il était encore tôt. Elle est redescendue pour aller s’installer dans le bar juste en ...
    ... face. Elle a fait durer son café. Le patron du bar la regardait d’un sale œil.
    
    18 h 30, le voilà, c’est lui. Il n’a pas changé. Toujours la même silhouette, la même allure. Alice eut envie de sortir et de courir vers lui, mais ses jambes ne répondaient plus, elle restait pétrifiée assise à sa table, incapable de bouger. Elle serrait fort le bord de la table. Elle ne pouvait pas le quitter des yeux. Il est passé devant la vitrine du bar, sans la voir, il a traversé la rue et il est entré dans l’immeuble.
    
    Au bout de quelques minutes, elle a enfin pu se lever.
    
    Tous ces efforts pour le retrouver, elle n’allait pas rentrer chez elle. Pas maintenant.
    
    Il fallait qu’elle le voie, qu’elle lui parle, qu’elle lui dise… Qu’elle lui dise quoi ? À vrai dire, Alice avait préparé son discours pendant ces six mois. Elle le connaissait par cœur, chaque phrase, chaque mot. Elle les avait répétés à haute voix, seule dans son lit, toutes les nuits. Là maintenant, tout ça lui semblait bien creux. C’était du vent, du vide. Le fait est qu’elle n’avait rien de nouveau à lui dire, hormis qu’elle l’aimait et que la vie sans lui c’était impossible.
    
    Il faut qu’elle lui dise, juste ça. Après, il fera ce qu’il voudra, mais au moins, il doit savoir ça.
    
    Un peu requinquée, Alice put se lever, sortir du bar pour se diriger vers l’immeuble.
    
    Elle passa au moins cinq minutes devant la porte, tendant son bras pour sonner, le rebaissant sans le faire. À un moment, elle faillit même faire demi-tour. ...
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