1. Abélia, ou l'impudeur


    Datte: 24/04/2018, Catégories: f, fh, ff, 2couples, jeunes, cadeau, copains, cinéma, Voyeur / Exhib / Nudisme rasage, Oral 69, hsodo, Partouze / Groupe init, confession, nostalgie, Auteur: Silène, Source: Revebebe

    ... ce genre d’orgie, à plusieurs reprises et moyennant sans doute quelque avantage matériel. Mais si je savais cela, j’avais d’un même geste oublié ledit « cela », préférant ne voir en elle qu’une amie attentive et rieuse.
    
    Non seulement, je m’étais refusée à imaginer le passé d’Abélia, mais refoulant ces informations coûteuses, j’avais crééex nihilo un tableau de ma propre saveur, image en quelque sorte expurgée de cette indélicate et radicale impudeur. Or, ce tableau non seulement ne correspondait pas à mon désir, mais il ôtait à celui-ci toute trajectoire : celle que je désirais n’exploitait pas mon goût secret pour l’impudeur. Dans l’intimité d’une salle de bain, elle n’avait pas cherché à m’épanouir et à briser, autrement dit, les intimes barrières de mon tempérament, comme un botaniste eût voulu consciencieusement obtenir la fleur la plus délicate. Abélia avait simplement agi avec moi de cette manière parce qu’elle agissait ainsi avec tous, c’est-à-dire en impudique, c’est-à-dire sans arrière-pensée, peut-être bel et bien sans connaître, finalement, la pudeur du tout. Aussi ne m’aimait-elle pas comme je le voulais : depuis le début s’étaient confondus l’amour et la pulsion, et chacun des gestes de cette femme avaient été commutés en signes, son corps semblant parler une langue que je croyais connaître, mais qui, en vérité, lui était parfaitement étrangère. Lorsqu’un matin je l’avais regardée se balader, vêtue d’un tee-shirt seulement, et qu’à la recherche d’un mug, elle ...
    ... s’était soulevée, dévoilant le contour de ses fesses, puis une fois tournée vers moi, la petite ancre que formaient ses lèvres closes, j’avais fait en somme parler son corps selon ma propre langue.
    
    Je digresse, évidemment, et tout cela n’est que la conséquence d’une réflexiona posteriori. Je n’avais évidemment pas cette clarté d’esprit au moment où, nerveusement, je proposai un autre café à Claire, après avoir manqué d’écraser le gobelet précédent. Mais j’eus la présence d’esprit de cesser de m’emporter, de ne plus feindre l’effarouchée. Claire faisait partie de ces personnes dont je ne doutais pas une seconde de la bienveillance. Je l’écoutai me mettre en garde, avec la mine timide des jeunes filles trop sages, prises en flagrant délit d’avoir trop négligé leurs devoirs, au bénéfice de leurs amours.
    
    — Écoute, Aurore, ajouta Claire d’une voix exagérément grave. Je n’ai pas l’intention de te juger ni de t’empêcher de faire quoi que ce soit. Je ne te dirai d’ailleurs pas grand-chose, car je t’apprécie, je ne veux donc pas te froisser, ou quoi ce soit dans le genre. Bien sûr, ma première réaction consisterait à te dire simplement : surtout, fuis ! Mais, tu vois, moi aussi, j’ai déjà aimé une femme… oh, ce n’était sans doute pas de l’amour, ou peut-être que oui, je ne sais pas… à l’époque, c’était il y a cinq ou six ans, tu vois, je n’ai pas osé. Mais voilà, maintenant, je crois que je regrette. Ah, ça n’aurait sans doute rien changé : dans tous les cas j’aurais rencontré ...
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