Abélia, ou l'impudeur - Histoires de Sexe

Abélia, ou l'impudeur

... Excuse-moi… bon, mon ex a oublié sa tondeuse ici, alors si tu veux, je peux tailler tout ça ici…

Elle était en tee-shirt culotte, elle me souriait, elle était belle ; me sachant exhibée je me sentais peu à peu partir, imaginant sa jolie bouche contre la mienne, ses mains sur mes hanches. Sentant monter une douce chaleur des profondeurs de mes cuisses, je réprimai l’image de ses lèvres tétant avidement un bouton que je n’espérais pas trop dur.

— Pas court, le sabot, balbutiai-je, priant pour qu’elle ne vît pas évidemment les preuves de mon excitation.

Abélia fronça les sourcils, et d’un geste concentré elle libéra mon sexe, malicieuse, de son épaisse toison, ne laissant qu’un pudique gazon roux, avant de me tendre, après un « attends, regarde !», un petit miroir, dans lequel je vis un abricot en tout point semblable à celui d’une statue, si celui-ci n’eut pas gardé de cette tonte un voile mordoré. De mes lèvres de nouveau refermées, s’observaient aussi des traces blanches, sans équivoque, si bien qu’il me fallut essuyer d’un mouvement de serviette, après un « excuse-moi, je ne sais pas ce qu’il m’arrive… », tout pénétré de honte, mon poisseux entrecuisse. Mais Abélia éclata d’un rire franc. Après tout, ce n’était selon elle pas bien grave, après tout, elle me connaissait si bien ! Mon esthéticienne improvisée ajouta un :

— Si ça ne te gêne pas, on va fignoler ça au rasoir. C’est pas très bon, mais ça fera pour l’instant le travail…

Ce qui eut pour conséquence ...

... immédiate de m’affoler :fignoler quoi, et pourquoi faire ? N’était-ce pas déjà assez court ?

J’aurais pu en vérité quitter la salle de bain dès maintenant, si cette situation ne m’eut pas passablement excitée. Sur le moment, je me fichais bien de l’aspect de mon sexe, peu importait en effet qu’il fût couvert ou non de poils roux. En fait, je me délectai intimement de poser nue devant elle, je retrouvai, sinon le souvenir intime d’une couette sur ma peau douce, lorsque jeune adulte je découvrais le plaisir des draps, du moins celui de mes premiers émois. Aussi avais-je envie de prolonger plus que de mesure cette exhibition ; esquissant une légère contorsion du bassin j’acceptai dans un murmure sa proposition, je fermai les yeux et me concentrai sur mon souffle.

— Qu’est-ce que tu veux, poursuivit Abélia. Ticket de métro ? Américain ? Rien du tout ?

Je ne répondis pas immédiatement, n’entendant presque plus ces mots presque dépouillés de leur sens, ces signifiants flottants se mêlant aux bruits ambiants, à celui de la mousse délicieusement étalée sur mon sexe, de l’aspiration de la ventilation, des battements secrets de mon cœur.

— Comme tu as la peau très blanche, ajouta très sérieusement Abélia, comme ton minou est un peu dodu, je pense, rien du tout t’irait très bien. Comme ça, toute nue, tu serais… comment dire ? Oui ! Une vraie poupée de porcelaine. Cela dit, reprit-elle après une deuxième hésitation, ça serait tout de même dommage de priver les regards d’une ...