CHAPITRE 9 : Retrouvailles
Datte: 16/11/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Cramache, Source: Hds
... de mon dégout le recouvre de nouveau, mais pas entièrement. Sa main dépasse, attendant le jour où je retrou-verai mes forces et mon envie de vivre. Je touche une dernière fois une planche en hêtre de toute beauté, et j’achète de la peinture, des pinceaux, et du White Spirit. Ainsi que tout ce qui pourrait être utile. Je prends aussi la planche que j’ai touché. Je sais c’est stupide, je n’en ferai surement rien. Je sens seulement que j’en ai besoin pour faire éclater le vrai moi. Son contact, tout au moins, me procure un grand plaisir, presque érotique.
Je passe l’après-midi à repeindre mon appartement, à décaper le plancher, et à réparer les dégâts que j’ai causés. Le manque d’exercice me fait très vite hale-ter, je sue à grosse goutte, et je dois faire de nombreuses pauses. Je finis tout de même mon travail, tard dans la soirée. Mon estomac grogne, j’ai de la pous-sière et de la peinture partout. Je ne peux m’empêcher de penser à Sylvain qui m’aurait trouvé sexy, et on aurait fait l’amour sur le sol. La nostalgie m’envahit, et je la repousse, je n’en veux plus. A la place, je prends une douche, et je com-mande un repas chinois.
J’observe la planche, les veines du bois, les nœuds, son lissé. Je la vois trans-formée en meuble de chevet avec un tiroir. Je vois aussi un lit avec une tête sculptée de fleurs. Mes doigts me démangent, je prends une feuille à dessin, mes crayons et ma règle. Et je ne sais plus par quoi commencer. Je fais face à ma feuille, j’ai l’image du ...
... chevet en tête, et je ne parviens pas à lui donner vie. La frustration me gagne, jamais je n’ai eu ce problème. Je prends mon courage, et je trace une ligne maladroite, je la gomme, et je refais un essai. C’est un peu mieux, et je continue. Je dessine grossièrement les contours du meuble, puis j’améliore mon trait, comme je le faisais à mes débuts. Très vite, je retrouve un peu de mon assurance.
Je crée un chevet tout simple, rectangulaire, quelque chose qui conviendrait partout. Ce n’est pas à la hauteur de ce que je faisais avant, c’en est très loin. Si j’avais été en forme, il y aurait eu des fleurs ou d’autres fioritures. Je m’estime heureux que mes traits soient droits. Je roule la feuille, et je passe la moitié de la nuit à créer quelque chose de beau. Sans m’en rendre compte, je m’endors et je ne fais aucun rêve. Mon esprit me laisse enfin profiter d’un repos mérité. Quand je me réveille, je suis étonné de me sentir si frais. Je décolle une feuille de mon visage, et je m’étire en baillant. Mes os craquent, je souris. Reprendre mes anciennes activités m’a fait plus de bien que je le pensais.
Je prépare du café, et je regrette de ne pas avoir de pain pour des tartines. Il faut vraiment que je fasse des courses. J’avale une tasse de café brulant, son gout est meilleur que d’habitude. Ensuite, je file prendre une longue douche chaude, et je constate que la salle de bain a aussi besoin de travaux. Je liste mentalement tout ce dont j’ai besoin, et j’élargie ma liste en ...