1. Drôle de métier, drôle de vie


    Datte: 13/11/2020, Catégories: fh, religion, Oral pénétratio, fsodo, portrait, occasion, h+medical, attirautr, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    J’ai vite compris et accepté que jamais je ne pourrais supporter la douleur. Pas la mienne : celle de mes patients.
    
    Mon père est médecin de ville. Son père fut chirurgien, et sa mère ophtalmologue. Dans une famille de médecins, la destinée est tracée, déjà, dès les premières années de maternelle. On vous prépare, on vous formate.
    
    Pas une journée sans que j’entende parler de médecine, de pathologies, de maladies rares, de patients en fin de vie. Mes parents me voyaient radiologue ou chirurgien plasticien. Moi, pas du tout. J’ai quand même suivi le cursus qu’ils me proposaient, ou plutôt qu’ils m’imposaient. Je n’avais de toute façon pas d’autre idée de carrière.
    
    Puis quand j’ai eu le choix, j’ai tranché. J’ai opté pour la médecine légale. Mes parents ont hurlé. Mon père a failli faire une attaque. Ils ont cru à une passade, un caprice, mais j’ai tenu bon. Je suis médecin légiste, l’une des meilleures de Paris paraît-il, la plus tenace, la plus précise, la plus acharnée, la plus créative, la plus exemplaire, la plus efficace. Rien que ça.
    
    Pas de douleurs pour mes « patients ». Qu’elles soient physiques ou morales, je les ai en horreur. Et jamais je ne suis confrontée à la douleur des familles, je ne le supporterais pas. Je n’ai affaire qu’à des officiers de police judiciaire, à des juges, et parfois à d’autres techniciens, notamment pour les analyses toxicologiques.
    
    J’ai très tôt appris à prendre de la distance. C’est un besoin vital dans ce métier. Quand vous ...
    ... avez à confirmer les causes du décès d’une jeune personne qui a été violée, étranglée et brûlée, on vous demande de déterminer avec précision et de manière scientifique dans quel ordre se sont déroulées les choses. Et on teste tous les scénarios, même les plus improbables.
    
    Vous diriez viol, puis strangulation pour éviter à l’agresseur d’être dénoncé, puis destruction du cadavre et des preuves par le feu. C’est logique. Vous pourriez tout juste imaginer un scénario plus horrible encore, quoique dans ce cas l’horreur tienne plus à imaginer la psychologie du violeur que les souffrances de sa victime, qu’il l’ait d’abord étranglée puis violée pour enfin faire brûler le cadavre encore chaud. Mais imagineriez-vous que le sadique ait d’abord étranglé sa victime, puis qu’il ait fait brûler son corps, et que pris d’un remords subit il ait éteint l’incendie pour violer la dépouille et remettre le feu après ? Non, n’est-ce pas ? Inimaginable ? Et pourtant j’ai dû établir un rapport qui concluait à cette succession de faits, scientifiquement, point par point, froidement.
    
    La nature humaine a ceci d’unique qu’elle est capable de tout. De toutes les horreurs en particulier. Quand il s’agit d’établir les causes d’une mort accidentelle pour des raisons d’assurance par exemple, c’est de la routine. Oui, de la routine morbide, mais de la routine quand même. Mais dans les cas d’homicides – que ce soit par blessure mortelle, empoisonnement, noyade forcée, strangulation ou autre – ce n’est ...
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