Un raton laveur au paradis - Histoires de Sexe

Un raton laveur au paradis

... faisant les yeux doux. Je la regardai confus.

— Paul, je pense que je t’aime et c’est pas pour ton argent, parole de scout.

Gros sourire. Mais la blague tombe à plat.

Cette fois, mon disque dur était vraiment figé.

— Ça a pas l’air à te faire plaisir, Paul ? Je sais que c’est soudain, mais…
— Oh ! oui, ça me fait plaisir ! dis-je en lui tapotant la main. Vraiment, Marie ! Moi aussi je… je t’aime.

Ses jolis yeux en amande se fermèrent quasiment.

— Hum ! T’as beaucoup de choses à digérer en même temps, Paul, je comprends. Mais cent mille, quand même, c’est beaucoup, t’es chanceux dans ta malchance. Prends le temps qu’il faut pour repenser à tout ça.
— Mon cerveau de gars est comme enrayé, dis-je tandis qu’on se serrait les mains comme des ados.

Là elle rit.

— C’est un vieux modèle ?
— Pas mal.
— T’es dû pour une mise à jour.

Là, je regardai la cabane pis la chute, pis le raton qui buvait et buvait et je dis :

— C’est une belle place pour s’installer, non ? Ouais, je vais acheter ça si je peux, j’aimerais vivre ici. En auto on n’est pas si loin du village.
— Eh ! fit-elle avec un air navré. Bonne idée, Paul, mais… désolée, j’y avais pensé avant.

Je la fixai indifférent avec sans doute de beaux grands yeux de poisson.

— OK, bon, je… Eh… Ah… Le petit terrain où est ma roulotte, peut-être ?

Plouf ! Le raton venait de se jeter dans le bassin.

— Bonne idée, ben oui, Paul. Un beau petit chalet là, ce serait super. Viens avec moi, ...

... fit-elle tout énervée.

Elle me prit par la main et m’entraîna au bout du terrain vers la cascade. Un sentier grimpait dans les bois et elle marchait devant moi. Good. Par endroits, il y avait les restes d’un escalier.

Une fois là-haut, je vis une grande plate-forme d’observation aussi vétuste que le reste, mais encore assez solide. On y grimpa, la vue y était superbe sur la rivière qu’elle surplombait et la cascade.

— Wow ! fis-je ébloui.
— Génial, hein ! Chut venu voir pis me faire bronzer tantôt en attendant Pierrette. C’est là que j’ai décidé d’acheter. J’ai appelé mon agent, pis c’est fait.
— Pardon ?
— Tout ça est à moi, Paul. Mon agent a trouvé rapidement le proprio et il était content de vendre. Là, y se renseigne déjà pour un contacteur pis un architecte, pis auprès de la ville pour le courant, l’eau et pour le téléphone. Je ne veux rien de compliqué, mais une belle petite maison écologique avec une terrasse et de grandes vitrines pour voir la chute. Pis j’ai démissionné deRadio-Canada.
— Hein !
— Y me poussaient dans le cul de toute façon pour que je lâche, y me trouvent trop vieille sans oser me le dire en pleine face, les salauds. J’aurais pu me battre, mais j’ai le goût de passer à autre chose, profiter un peu de la vie. Pis là, y me manque juste un gars pour sortir les vidanges, couper le gazon, t’en connais un ?

Évidemment, je compris que la belle Marie Lemieux m’offrait de m’installer avec elle. Wow ! C’était rapide, mais à 50 ans, on n’a pas trop, ...