La cour des grands - Histoires de Sexe

La cour des grands

... le moins lisse », comme disait Gainsbourg.

Bref, il ne manquait qu’un candidat sérieux frappe à la porte pour que l’on saute le pas. Et il a frappé ! Sans savoir vraiment où il mettait les pieds. Un « contact » à moi, sur ce fameux « réseau social ». Un « ami » virtuel, que je n’ai jamais rencontré. Dix ou quinze ans de plus que nous, papa jeune divorcé, cultivé, une petite célébrité naissante même. Et sacrément beau gosse. Grand, brun, poilu, viril, barbe de trois jours. Exactement ce que j’aime, comme mon mari. En plus charmeur encore. Comme dit une copine à son sujet rien qu’en voyant les photos de son « profil » : « il a les yeux qui puent le cul ». Si elle savait…

Le type en question m’a lancé un ou deux compliments, plutôt bien tournés. Et bien appuyés aussi. Osant même une conclusion du genre « si tu n’étais pas heureuse avec ta famille et ton mari, je te dirais comme j’ai envie de toi ». Je digère ça deux ou trois jours, ne réponds pas ou très vaguement. Et puis j’en parle à mon mari, au lit, alors que la discussion va bon (arrière-)train sur l’amour à trois, encore une fois. Je lui raconte, je lui décris. Ses premières questions : « Il te plait ? Est-ce que tu aurais envie de lui ? » Je vous le dis, il est parfait mon homme. « Réponds-lui que c’est possible alors, mais avec ton mari ».

Et me voilà propulsée dans cette aventure folle. Je tourne et retourne les mots plusieurs fois avant de cliquer sur le bouton d’envoi, tremblotante comme une adolescente. ...

... Et c’est à peu près ça qui se déroule dans les jours qui suivent : la fraîcheur adolescente d’une nouvelle relation. Pour moi, mais aussi pour mon mari, qui se prend bien au jeu. Notre amant est très attentionné, il veut prendre toutes les précautions, pour nous, pour notre couple. Il est très flatté que nous l’ayons choisi lui. Il se sent presque investi d’une mission. Celle de réaliser notre fantasme, exactement comme j’en ai envie. Nous convenons de nous rencontrer tous les deux d’abord. Pour prendre contact, jauger notre désir l’un pour l’autre. Nous en parlons jour après jour avec mon mari, seulement pendant nos ébats.

Il demande que je lui raconte les discussions de la journée, les détails. Au début, ses érections en prennent un coup. Lui qui peut rester raide pendant une heure sans défaillir d’habitude, on voit que la transformation du fantasme en potentielle réalité le trouble quand même. Mais au fur et à mesure qu’on avance, cette timidité recule progressivement. Beaucoup des mots que nous échangeons visent à nous rassurer. Non, il n’y a aucun risque que je parte avec lui. Oui, notre couple en sortira intact et nous serons toujours les mêmes aux yeux de l’autre. Non, le libertinage ne doit pas devenir notre quotidien ; nous y venons par curiosité et pas par essoufflement. Oui, le sexe à deux sera toujours aussi bon. Nous sommes d’accord en tous points. Non, nous ne ferons pas ça dans notre lit, ni notre toit.

Je lui dis aussi que je veux de la douceur, de la ...