1. Le cube


    Datte: 03/11/2020, Catégories: fh, inconnu, amour, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... puis le « réveil » ici. Pour la première fois, il appréhenda la réalité de leur situation… Ils appréhendèrent. Ils se soulèrent de paroles pour chasser leur terreur naissante. Postulant qu’ils étaient bien conscients et sains d’esprit, ils explorèrent diverses hypothèses. Pêle-mêle : le purgatoire, les extraterrestres, une expérience menée par un savant fou, un monde parallèle, une hallucination à deux… Ils ne trouvèrent rien pour étayer aucune de ces affirmations. Cette discussion à bâtons rompus, si elle n’effaça pas leur angoisse, les libéra de leurs inhibitions.
    
    Quand leur raisonnement les amena à chercher une issue, ils avaient oublié les glaces, leur nudité. Leurs regards ne fuyaient plus le corps de l’autre, mais le voyaient hors de tout désir. Ils firent plusieurs fois le tour de ce que l’un des deux avait nommé « le cube », sans trouver rien qui laissait présager une ouverture : aucune poignée, loquet, bouton poussoir. Rien qui dépassait, seulement la « lissitude » des miroirs. Ils avaient regardé, ausculté le plancher. Drôle de plancher. Difficile d’appeler plancher ce revêtement qui leur renvoyait leur image. Nul interstice à l’endroit où étaient apparues la table et les chaises.
    
    Persuadés maintenant qu’ils ne rêvaient pas, l’effroi les saisit. Les miroirs n’instrumentaient plus l’érotisme que leurs corps pouvaient dégager, mais révélaient la froideur inhumaine du décor. Se voir indéfiniment répétés à quelque endroit que se porte son regard devenait ...
    ... flippant. Aucune aspérité à laquelle se raccrocher. Table et chaises escamotées, il ne restait que les toilettes et la couche. La couche ! Sam ne s’était pas rendu compte qu’il ne restait qu’une couche bien plus large. Sise à la place de la sienne, celle de sa camarade s’étant volatilisée. Qu’est-ce que cela signifiait ?
    
    Peu à peu, le silence s’installa, pesant. Ils erraient inlassablement dans cet espace restreint à la recherche d’une hypothétique sortie. Sam pensa qu’ils agissaient tels ces fauves enfermés dans une cage. Car c’était bien ça, ils étaient en cage ! Sans que rien ne l’annonce, la femme dont il ne connaissait toujours pas le nom, prise d’une incontrôlable panique, se jeta contre la paroi ; poings serrés, elle la martela en hurlant :
    
    —LAISSEZ-MOI SORTIR ! LAISSEZ-MOI SORTIR ! JE VEUX RENTRER CHEZ MOI !
    
    Cris entrecoupés d’onomatopées incompréhensibles.
    
    Sam se précipita. Il voulut d’abord de la raisonner. Lui posant les mains sur les épaules, il lui parla. Elle l’ignora totalement continuant de frapper méthodiquement la « vitre ». Elle avait peu de chance de la casser, mais elle pouvait se faire mal. Les paroles étant inutiles, elle avait disjoncté, il usa donc de sa force pour déjà l’empêcher de se blesser. Se plaquant contre elle, la ceinturant, il réussit à l’éloigner de la paroi. Mais elle n’avait pas l’intention de le laisser faire. Elle gigotait pour se libérer. Elle était aussi forte que lui. Sa tentative se transforma vite en corps-à-corps. Alors qu’il ...
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