1. Pensées pour moi-même (4)


    Datte: 03/11/2020, Catégories: fhh, vacances, hotel, hsoumis, fdomine, vengeance, journal, lettre, Auteur: CamilleM, Source: Revebebe

    ... ne nous fut possible de nous cacher que désormais, nous allions entamer la terrible descente vers la banalité. Certes, la gare était lumineuse et agréablement décorée, il y avait même dans les couloirs quatre pianistes qui assuraient une atmosphère propice à atténuer les adieux ; mais rien à faire : lorsqu’à ma grande désillusion, je n’ai pas pu trouver le quai numéro 9 trois quarts (celui d’où partait Harry Potter), ni même le quai numéro 9 (j’ai depuis appris que la gare avait été entièrement rénovée en 2007), le sentiment que tout cela aurait peut-être pu perdurer, ce sentiment a brutalement fait place à la certitude que l’histoire était en marche et que rien ne pourrait faire revenir ce qui n’était plus.
    
    Et quand l’heure est arrivée, quand ne pouvant plus retarder le moment pour moi de retourner dans l’espace Schengen, nous nous sommes serrés dans les bras les uns les autres, j’ai bien senti que mon planeur avait perdu son aile gauche et que j’allais très vite partir en vrille.
    
    J’ai passé le portique en leur faisant un grand signe de la main, gardant comme dernier souvenir les silhouettes du grand blond et du petit bedonnant, je suis montée dans l’Eurostar qui m’a trop rapidement éloignée d’eux (la rupture fut brutale quand, sortant du tunnel urbain, je me suis retrouvée en plein au milieu de la campagne anglaise) ; et quand, voulant m’accrocher encore un peu à ce qui se trouvait là, 10 kilomètres en arrière, quand voulant encore écouter cette musique qui m’avait ...
    ... tellement envoûtée, je me suis rendue compte que mon i-Pod était déchargé (j’avais oublié de l’éteindre après ce fameux « incident »), je me suis sentie tout à coup atomisée et incapable d’empêcher le massacre qui se préparait.
    
    Ma seule consolation fut finalement de m’être assoupie quasiment sans m’en rendre compte et d’avoir ainsi évité deux longues heures de cafard et le spectacle d’une femme en plein désarroi moral.
    
    * * *
    
    En arrivant à la gare du Midi, j’ai eu ce qu’on peut bien appeler la gueule de bois. Comme convenu, Papa m’attendait. Bien sûr, il m’a demandé si je m’étais bien amusée, si j’avais bien profité de mes vacances, si je n’étais pas trop fatiguée. Bien entendu aussi, j’ai évité de lui donner tous les détails de mon séjour, me contentant de vagues allusions convenues sur les Anglais et leurs drôles de coutume. Pauvre Papa : s’il savait de quoi sa fille a été capable, s’il savait de quelle façon sa fille s’était comportée au cours des dernières 24 heures (mais était-il vraiment dupe de l’image de fille sage que j’essaie toujours de lui transmettre ?).
    
    Il m’a déposée devant la maison sans trop insister (se doutait-il de quelque chose ?), en me conseillant de bien me reposer parce que, de toute évidence, j’en avais bien besoin. Je lui ai dit bonne nuit, j’ai pris l’ascenseur qui conduisait à mon étage (cette fichue lampe du couloir qui s’éteint toujours trop tôt !), j’ai déposé mon sac sans m’occuper du fait que les vêtements qu’il contenait allaient ...
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