Perle de Guinée - 1
Datte: 27/10/2020,
Catégories:
fh,
couleurs,
bain,
amour,
revede,
aventure,
Auteur: Tylodine, Source: Revebebe
... très vite…
La rive où nous avions été débarqués était barrée au nord par la falaise de basalte en « orgues » formant de hautes colonnes hexagonales.
Les roches plates du rivage s’y accolent par une sorte de banquette, haute de six à dix mètres, facilement accessible par un éboulis de blocs assez stables sur lequel nous hissâmes rapidement nos bagages. Je camouflai provisoirement la cantine dans un gros massif d’épineux et nous nous dissimulâmes du mieux possible sur notre plate-forme.
Longue d’une cinquantaine de mètres, elle dominait le lit du Kiwani, sorte de « chaussée des géants » formée de pavés hexagonaux typiques du volcanisme ancien de cette région. Les pavés extérieurs, plus hauts, formant un créneau naturel, nous cachaient parfaitement d’une embarcation circulant en contre-bas.
Nous étions à peine installés qu’une série de coups de feu retentirent ; réfléchis par les hautes falaises, les rafales étaient assourdissantes. Anne-Marie, les mains sur les oreilles, semblait terrorisée, je la pris dans mes bras, essayant de la rassurer, sans trop de succès.
— Je m’en doutais, gémit-elle, je les avais mis en garde, ils vont se faire tuer… on verra leurs cadavres passer.
— Rien n’est moins sûr, essayai-je de la rassurer, ils ont peut-être pu passer, et s’ils sont pris, les déserteurs ont tout intérêt à les garder vivants et en bon état… ça leur évitera de se faire tirer dessus s’ils sont repérés !
Quelques cris, à peine audibles, puis le silence, pesant, ...
... à peine troublé par le bruissement de l’eau.
Anne-Marie s’était calmée, mais je la sentais tendue, son corps souple collé au mien me troublait quelque peu et je voyais arriver le moment où dissimuler le début de raideur d’une certaine partie de mon individu deviendrait difficile. J’avais beau me traiter mentalement d’obsédé, de profiteur, essayer de penser à des choses techniques, à des formules chimiques, à une feuille d’impôts… rien ne semblait efficace et j’avoue que c’est avec un certain soulagement qu’une demi-heure plus tard, dans un grand rugissement de moteur, je vis la pirogue déboucher de la gorge rocheuse.
En quelques secondes, la grande embarcation passait au pied de notre cachette, les huit passagers entassés au centre, Seydou l’assistant, au moteur, sous la surveillance de deux soldats débraillés. Boubacar était au poste avant, un pansement taché de sang entourant son bras droit, rien de bien grave apparemment. Répartis autour des passagers hébétés, les sept autres déserteurs semblaient calmes, bouteilles de « Gazelle », la bière locale, à la main.
Un instant, la pirogue sembla ralentir devant notre point de débarquement, je sentis Anne-Marie se raidir contre moi, puis s’élança franchement vers le sud, à notre grand soulagement. Anne-Marie se détendit aussitôt et, réalisant soudain qu’elle était quasiment vautrée sur moi, se redressa en se confondant en excuses…
— Je, je suis désolée, mais j’ai eu si peur, merci monsieur, merci d’être là…
Je me ...