-
Perle de Guinée - 1
Datte: 27/10/2020, Catégories: fh, couleurs, bain, amour, revede, aventure, Auteur: Tylodine, Source: Revebebe
15 heures… cela fait dix heures que nous remontons la rivière Kiwani en direction de M’Bengué, gros village de pêcheurs et d’éleveurs Peuhls situé à l’entrée d’une des multiples vallées du massif du Fouta-Djalon dont on distingue les premiers pointements rocheux, estompés par la vapeur d’eau qui monte de la forêt. À une centaine de mètres, le Kiwani se divise en deux bras, l’un large et calme, l’autre étroit et encaissé. La grande pirogue qui nous transporte sur le large cours d’eau réduit sa vitesse et oblique vers le bras étroit, ce qui soulève aussitôt une avalanche de protestations, dont je ne comprends pas grand-chose, parmi la dizaine de passagers embarqués, comme moi, à Nafissa, petite ville située à 500 km de Conakry, la capitale de la Guinée. Trois grosses dames, très dignes dans leurs boubous colorés, accompagnées de deux jeunes garçons aux grands yeux effarés, trois hommes d’âge moyen, style forestiers locaux, un commerçant sans doute libanais, cramponné à une grosse valise usée aux angles et une jeune guinéenne, je lui donnerais dans les 25 ans, en jean et tee-shirt bariolé, nantie d’une grosse cantine métallique ornée d’une croix rouge. Je l’ai aidée à embarquer sa malle, ce qui m’a permis de faire connaissance… d’autant qu’elle parle un français parfait, ce qui m’intrigue quelque peu dans ce pays – certes ancienne colonie française – mais tout juste rescapée de quarante année de dictature de type stalinienne où la langue de l’ex colonisateur a ...
... été quasiment bannie. Anne-Marie, c’est son nom, me traduit l’essentiel de la polémique qui enfle à chaque échange entre le patron de la pirogue, Boubacar, son aide Seydou et les passagers. Le Kiwani dont le cours rencontre, quelques kilomètres plus haut une large barre rocheuse, ancienne coulée de lave, a dévié son cours originel pour former une large boucle autour de l’obstacle. Au cours des centaines de milliers d’années qui ont suivi, le fleuve a fini par entamer le massif, taillant son chemin dans les roches les moins dures, mais au prix de la présence de passages rendus dangereux par la vitesse du courant et les multiples îles et rochers qui divisent le lit principal en une multitude de bras. Par contre, ce risque, mineur d’après Boubacar, permet de diminuer notre trajet de près de 90 kilomètres sur les 200 qui nous restent à parcourir… Le niveau de l’eau étant encore assez haut – nous sommes à la fin de la saison des pluies – le jeu en vaudrait la chandelle si l’on n’avait signalé ce matin, au moment du départ, la présence sur ce bras du fleuve, d’une dizaine de déserteurs de l’armée malienne, cherchant vraisemblablement à gagner la Guinée Bissau ou la Gambie… — Le risque, me glisse Anne-Marie, c’est que les « bandits » nous tendent une embuscade dans l’un des multiples passages étroits, où il est possible que nous soyons obligés de descendre pour alléger la pirogue, voire aider à la pousser. Après une dizaine de minutes de palabres, la majorité ...