Perle de Guinée - 1
Datte: 27/10/2020,
Catégories:
fh,
couleurs,
bain,
amour,
revede,
aventure,
Auteur: Tylodine, Source: Revebebe
... l’emporte et nous attaquons le « raccourci », l’œil aux aguets. Les premiers kilomètres sont relativement faciles, naviguer face au courant permet de rester très manœuvrant et Boubacar est réellement un as dans cette navigation très particulière.
Une heure plus tard, alors que nous arrivons à l’entrée d’un défilé bordé de hautes parois de basalte, un mouvement dans la colline située en amont attire mon attention. Pas de doute, les jumelles me permettent de distinguer nettement deux silhouettes mal dissimulées par la maigre végétation… treillis militaires dépenaillés, fusil d’assaut à la main…
Pas de doute possible, ce sont nos déserteurs.
Je tends mes jumelles à Boubacar qui pousse un juron et dirige aussitôt la lourde pirogue vers une zone calme de la rive à l’abri de la falaise, donc dissimulée aux regards.
La chaleur, tempérée jusqu’alors par le vent apparent dû à notre vitesse, s’abat sur nous d’un seul coup… le sauna !
Et la discussion repart de plus belle, Boubacar assure qu’il peut passer en se servant de sa connaissance du cours d’eau et des dizaines de chenaux qui séparent les îles et récifs. Anne-Marie est sceptique et demande qu’on rebrousse chemin pour retourner sur la partie calme de la rivière quitte à perdre quelques heures.
Les matrones, qui se rendent à un mariage aux environs de M’Bengué, sont prêtes à courir le risque et le commerçant libanais, toujours rivé à sa valise, est du même avis… les trois autres ne semblent pas avoir ...
... d’opinion…
Dix minutes plus tard, Anne-Marie et moi regardons s’éloigner l’embarcation qui attaque l’entrée du défilé… Sur les roches plates du rivage s’entassent mes bagages et les siens… sa cantine, une valise à roulettes fatiguée et un sac à dos, petit à côté de mon gros « Everest » lesté de sa tente.
J’ai en plus mon sac photo et Boubacar, grand seigneur, nous a gratifié d’une bâche de plastique, d’un pack de « Kirène » l’eau minérale du Sénégal voisin, d’un carton de fruits, d’une boîte de café lyophilisé et d’une machette…
Je regarde Anne-Marie assise, pensive sur sa cantine, elle sent mon regard et m’apostrophe, un peu tendue :
— Vous n’étiez pas obligé de me suivre… après tout, Boubacar a peut-être raison, il peut passer et vous êtes un homme, vous ne risquiez sans doute pas grand-chose.
— D’abord, je ne suis pas pressé, et je trouve que ça fait beaucoup de « si »… s’il passe, s’ils ne nous tirent pas dessus, si… si ?
— Je dois vous paraître peureuse, mais je vous garantis que je sais de quoi je parle, c’est mon pays, poursuit la jeune femme, je suis infirmière dans la région depuis deux ans et j’en ai suffisamment vu pour ne pas vouloir courir le risque de finir violée, battue et sans doute tuée par ce genre d’individus qui ne reculent devant rien.
— Je vous fais confiance là-dessus, Anne-Marie… en attendant, il serait bon que nous cherchions un abri. La nuit va tomber dans moins de deux heures et si la pirogue est capturée, nous risquons de la voir rappliquer ...