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Les Poèmes du Silence
Datte: 23/10/2020, Catégories: nonéro, poésie, Auteur: Adonide, Source: Revebebe
... fautes que j’ai commises Mais quelle justice a pu me punir ? Bâtarde du droit et de la morale De quel droit m’a-t-elle jugée M’a-t-elle mise en garde contre le mal ? Et surtout a-t-elle seulement existé ? N’ai-je pas cru ce que je voulais croire, Inventé ce que j’ignorais être un espoir ? Il est impossible d’affirmer que c’est une réalité. Ces fautes inexpiables qui resteront inexpiées Je les porterai dans ma souffrance humaine Moi qui ne suis ni Dieu, ni ange, ni reine Je ne peux exorciser ces péchés, séparés De toute justice naturelle, de tout pardon. Car certes le monde est rempli de cons Et de militants de l’ordre et du droit Mais l’inégalité, la Faute, est bien là, n’est-ce pas ? PLUIE DE PLAIE Gouttes de pluie en gouttes de sang Lavent le monde en lentes giclées Imbibent la terre rouge en plaie Lave en fusion qui coule doucement Crépite sur les toits fatigués Comme un tambour, orage menaçant Fend l’ardoise sous le poids desséché Tuiles sèches de gouttes effacées Souille les sentiers d’une blessure En feu qui rougeoie et fissure L’herbe tendre qui ploie sous l’humidité Murmure de pluie résonne, apprivoisé Frissonne sur le vert feuillu d’une forêt Vacarme muet claironne et verse l’eau Hissez pavillon en flammes, souquez matelots ! Emplissez l’air de bouffantes fumées Alcool de pierre suintant de la plaie Tonnerre d’éclats ruine la vallée Pluie qui fracasse et gifle ...
... la forêt Et frappe et crible les rameaux lacérés Comme autant de flèches aiguisées par l’eau Transpercent sous le claquement sec des chevaux Dont les sabots raient le ciel au galop Vampires en fuite, levez vos lèvres en lambeaux ! Récoltez en vous cette pluie battante et farouche Goûtez sa pureté contre la douceur de votre bouche ! Donnez au monde votre pluie de sang bienfaiteur Qui embrase la terre rouge d’une coulée de pleurs ! MA VALLÉE Qu’elle était belle ma vallée Et son paysage bigarré ! La lune comme une synapse Entre le ciel creux et du jaspe Drôle de pierre en vérité Qui allume, feu fulgurant, Des étincelles d’électricité Avec un oh ! lugubre ululement ! Qu’elle était douce ma vallée Et son herbe toute coupée Par des vaches imbéciles qui ruminent Lâchent du fumier et font grise-mine ! Une subtile odeur de province Aux effluves blafardes d’une juteuse fumée ! Une roue qui peine et qui grince Roule au bas d’une colline qui s’est jetée D’une morne bicyclette. Voilà qu’elle guette Le rivage d’Éros et ses ancêtres En quête de sots et de guêtres ! — Mais que vois-je ? Des étoiles hystériques en voyage Le long d’une voûte sourde et bête, Du coton dans ses oreilles. Ô ciel de fête ! Le voici qui illumine ces mortelles étoiles ! Qui rient et voyagent à poil ! Nue et si verte vallée Province inconnue au manteau fêlé ! Nues ces étoiles gloussantes Témoins d’une ...