1. Contrepoint italien


    Datte: 23/10/2020, Catégories: hh, hotel, cérébral, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    Je ne sais trop comment je vais raconter cette histoire. Par la simple vérité ou bien par le fantasme ; ce dernier m’est venu au souvenir de l’expérience que voici.
    
    Dix-huit ou dix-neuf ans, je voyageais en Europe avec mon sac à dos, sans trop d’argent, juste avec la soif de découvrir le monde, de réussir à me découvrir. J’étais dans un train entre la France et l’Italie, un train de nuit avec des cabines-couchettes. À la frontière, je me suis réveillé, car les douaniers vérifiaient nos passeports et je n’ai pu me rendormir. J’ai fumé une cigarette dans l’allée, tranquille. Il y avait un monsieur, un Italien, je crois, parlant bien français, qui fumait aussi et nous avons donc discuté. De tout, de rien, de mon voyage, de son business.
    
    Il allait à Rome pour affaires, moi je ne faisais qu’y passer. Nous avons pris un café, nous avons continué à causer. Tout simplement il m’a demandé, puisque je n’avais pas beaucoup d’argent, s’il ne pouvait pas faire quelque chose pour moi, s’il ne pouvait pas m’héberger le temps de mon passage à Rome. Je me suis questionné, mais j’ai accepté ; il était très gentil, aussi grand que moi, un peu bedonnant, une belle couleur de peau luisante, peu de cheveux, un sourire franc. Je suis retourné dans ma cabine après avoir fixé un rendez-vous avec le monsieur à l’arrivée à la gare.
    
    Ainsi, avec tout ce que j’avais dans mon sac à dos, j’ai suivi le monsieur. Nous avons pris un taxi, sommes parvenus à un hôtel riche. La chambre qui lui avait ...
    ... été réservée était immense, le lit aussi. Dans mon vagabondage, je n’avais pas vu autant de luxe depuis des mois. Il m’a invité à dîner, mais j’ai préféré me doucher avant. La salle de bain gigantesque m’a procuré le plus grand bien. Tout de même, j’étais fatigué, car j’avais peu dormi la nuit dans le train.
    
    Je suis sorti de la salle de bain bien propre, en jeans et torse nu, ayant laissé ma chemise dans mon sac. L’Italien était étendu sur le lit et m’a souri.
    
    — La douche t’a fait du bien ?
    — Oh oui !
    — Tu dois être fatigué. Viens ici, a-t-il rajouté en tapotant la place à côté de lui.
    
    Naïf, mais avec quelques doutes, je me suis allongé à côté de lui. Nous avons parlé un peu. Il s’est retourné vers moi, appuyé sur un coude, et s’est mis à me caresser les cheveux mouillés que j’avais longs et dénoués. Je lui ai dit qu’il devait y avoir malentendu. Je me suis levé ; il était désappointé, un peu fâché. Nous n’avons pas mangé ensemble ; j’ai parcouru Rome de long en large. J’ai tout de même dormi avec lui – il m’avait invité et ne pouvait revenir sur sa décision –, mais je ne me suis pas mis entre les mêmes draps que lui. Au matin, je l’ai salué, l’ai remercié, et j’ai continué ma route.
    
    L’expérience réelle se termine ici. Mais si, alors qu’il me caressait les cheveux, je ne lui avais pas dit non ? Si je m’étais laissé tenter ?
    
    Je lui aurais souri, aurais même fermé les yeux pour savourer la douceur de sa caresse. Du dos de sa main, il aurait parcouru ma joue pour ...
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