Rhapsody in blue - Fin
Datte: 17/10/2020,
Catégories:
fh,
nonéro,
regrets,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... faisons l’amour. La dernière des dernières. Haletants, nous restons enlacés quelque temps, jusqu’à ce que tu me donnes un baiser sur la bouche et te sépares de moi, glissant hors des draps dans un bond souple.
– Je reviens, murmures-tu avec un sourire.
Je reste un instant méditative, me posant des questions sur la nature de ce sourire. On aurait dit que c’était un sourire reconnaissant. Mais pour me remercier de quoi, exactement ?
Entre mes cuisses, l’absence de corps, de chaleur, devient soudain insupportable. Je referme lentement les jambes sur le vide. La texture collante de ton sperme, à l’intérieur, me fait un froid singulier. Dangereux, ce petit accident hors préservatif.
Une vague d’émotion m’inonde soudain, m’obligeant à clore mes paupières pour en comprimer le vertige. Quelques secondes, je me sens remplie d’un je-ne-sais-quoi qui m’asphyxie ; et alors, plus rien, je m’écoule par le dédoublement de ma blessure convulsive et entrouverte, par les plaies respectives de mon cœur et de mon sexe, usés et meurtris ; je me vide à nouveau pour me retrouver encore plus démunie qu’avant.
Et c’estlà ! précisément, c’est à ce moment-là que jesais que je me suis débarrassée de l’usurpateur.
C’est comme si le jour naissant, dehors, soulignait ma seconde naissance. Tout est vierge derrière mes paupières. Je me sens perdue comme un bébé qui vient de venir au monde, sans repères, étonnée de tout ;douloureusement étonnée. Sachant qu’il y a tout à refaire, tout à ...
... recommencer.
C’est à ce moment que je sais que je n’ai plus rien à faire ici.
J’entrouvre doucement les yeux sur la pénombre de la chambre. Près du lit, dans le coin du mur, assise sur la chaise, ou langoureusement accoudée sur le balcon que je distingue entre les battants du store, c’est là que je me vois, là que je vous vois enfin, toutes, je vous vois défiler, glissant sur le parquet des pieds imaginaires, toutes les femmes que j’aurais pu être ; femme, maîtresse, amie ou confidente ; utilisée, asservie, manipulée ou libertine… je vois aussi une parfaite inconnue, une femme qui aurait pu être moi, et je me souviens soudain avec une implacable certitude que ma place n’est pas ici, avec toi.
Elle est définitivement ailleurs, et cet ailleurs m’ouvre de nouvelles perspectives d’avenir.
À peine naissante, je trouve enfin le chemin que je dois parcourir, à mon tour.
Pour ces retrouvailles, je pensais être enfin seule avec toi, seulement toi et moi. Je me suis trompée. Nous ne sommespas seuls, l’air que nous respirons est peuplé de respirations étrangères et parfois si familières. Nos corps auront beau se chercher, se croiser, se prendre et se relier, il y aura toujours ces autres bouches que nous embrasserons, ces autres mains qui nous caresseront, ces autres regards dans lesquels nous nous fondrons, tous ces autres entre nous, nous séparant de leurs souffles intangibles.
Lorsque je te parle, que tu me réponds, que nous sommes étendus sur le lit à savourer la ...