1. Rhapsody in blue - Fin


    Datte: 17/10/2020, Catégories: fh, nonéro, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... regarder…
    
    Pour on ne sait quel motif – un traumatisme ancien, qui sait ? – tu t’arranges toujours pour n’avoir aucune attache réelle dans ce monde, dans cette vie ; tu ressembles au mouvement perpétuel ; tu glisses dans le temps et l’espace tel une voile glissant dans le vent, sans jamais vraiment t’arrêter, et de ce fait, sans jamais vraiment repartir. Celui qu’on ne peut contrôler, celui qu’on ne peut retenir, qui vous glisse entre les doigts comme s’il était dépourvu de matière humaine ; celui qui se donne sans jamais recevoir.
    
    Cette idée pourrait paraître contradictoire, puisqu’il m’est encore arrivé récemment d’être certaine que tu ne voulais rien donner de toi ; mais je réalise que ce point était inexact. Tu donnes, au contraire. Tu te donnes sur l’instant et de tout ton être, mais il y a une condition implicite… ne pas trop en demander. Sous-titré : ne pas croire que tu as des sentiments si tu partages des choses sur l’instant, ne pas s’imaginer que tu puisses continuer à donner de ta personne, une fois qu’on ne sera plus sous ton nez, et surtout, ne jamais croire que ce que tu donnes appelle un retour de notre part, car c’est là tout le paradoxe.
    
    Tu donnes pour ne pas avoir à recevoir. Cette attitude aurait pu être louable et faire de toi untype bien, si elle n’avait pas caché l’horrible angoisse qui t’étreint : la réciprocité. S’il y a réciprocité, il y a échange, partage, symbiose, unité ; or, tu hais l’idée d’être relié, assemblé à quelqu’un, de faire un ...
    ... tout avec quelqu’un.
    
    À long terme, ce don que tu offres déguise ton égoïsme : plutôt que de donner et de recevoir sur la durée et donc d’approfondir des liens, tu préfères donner à l’instant avec toute l’intensité dont tu es capable, ne rien demander à l’autre, et finalement, ne rien avoir à te reprocher au cas où chacun ferait ses comptes. À trop donner et trop attendre, on risque de perdre sa liberté, n’est-ce pas ?
    
    Ce n’est donc pas un don, mais un prêt.
    
    Parce qu’accepter quelque chose en retour te rendrait redevable. Ce qui ne présente bien sûr aucune commodité pour le style de vie que tu t’es choisi… Ne rien devoir à personne, perdre à la fois tout et rien lorsque tu t’en vas d’un lieu, pouvoir recommencer comme au point zéro là où tu atterriras, pas de point de départ, pas de point de fuite et pas de point de retour, tu vas et viens, et pourtant tu restes là, figé dans ton mouvement éternel de balancier…
    
    Ce qui te rend les choses plus faciles, car la mémoire en devient sélective. Avec un minimum de passé et d’avenir, tu conjugues ta vie au présent, pour ne pas te rappeler les choses, lesgens laissés derrière toi, et redouter ce qui t’attend si tu continues ce chemin ; tout cela est beaucoup trop déplaisant.
    
    C’est lorsque l’on s’arrête que l’on peut prendre du recul, ce qui implique le fameux mouvement perpétuel, ce qui implique le fait que tu ne te poses jamais nulle part très longtemps. Trop dangereux ! holà, beaucoup trop dangereux !
    
    Si je puis me ...
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